Arrivée de Yukio

J'étais resté devant la porte pendant un long moment. Mon père m'avait accompagné jusqu'ici, faisant comme si de rien n'était. Comme s'il ne m'abandonnait pas... Cette attitude m'avair révolté et je m'étais tu durant tout le trajet. Je ne voulais plus le voir, non, plus jamais. Je prenais cette histoire comme une trahison. Et ceux qui trahissent le propre fils ne devraient pas vivre. Car ils ne le méritent sans doutes pas. Je décidai de laisser mes pensées lugubres de côté pour me concentrer sur ce qui se présentait à moi. Je ne parvenais pas à avaler tout ça, mais avais décidé de faire ce qu'on me dirait - tout de même dans un certaine limite - et de ne pas trop montrer ma colère et ma tristesse. Mais, avec un caractère comme le mien, il n'était pas du tout certain que je pourrais passer pour une personne heureuse. Quoi qu'il en soit, j'allais travailler avec application. Donner le meilleur de moi-même. Pourant, à l'instant, je me sentais encore si fatigué, si faible que j'aurais voulu m'asseoir à même le sol et dormir, peut-être même mourir, qui sait ? Cela serait sûrement plus agréable que de rester debout au milieu de la rue, devant une porte que l'on n'osait franchir...
Au bout de - combien de temps ? - peut-être une petite dizaine de minutes, je soupirai, inspirai à fond et poussai la porte. Une petite allée s'étendait devant moi, menant au bâtiment. Vu d'ici, il m'était incapable de juger de la taille de l'okiya. Je supposai qu'elle était assez vaste. A première vue, l'endroit semblait paisible et calme. Un lieu qu'en temps normal, je trouverais merveilleux. Mais aujourd'hui, les choses étaient différentes, car j'avais encore une immense amertume en pensant à ce qui m'était arrivé.
Je ne savais pas où il me fallait aller. J'espèrais donc rencontrer quelqu'un qui pourrait m'aider. Je baissai la tête, regardant mes pieds et paraissanty alors encore plus petit que je ne l'étais déjà...

Combien de temps exactement attendis-je seul dans l'entrée ? Si longtemps... Plus que mon esprit affaibli ne me le permettait... J'aurais voulu faire demi-tour, personne n'étant là pour moi après tout. C'est évidemment au moment où j'eus cette pensée profitable qu'une main se posa sur mon épaule. Etonné, je levai les yeux. C'était un homme aux traits fins et doux. Il semblait dégager une aura de bonté et de calme, cepndant, celle-ci ne m'atteignit pas. J'aurais voulu ôter sa main fine de moi et partir. Mais je ne pouvais pas. De la manière dont il me salua avec sa voix gentille et censé sembler affectueuse, je déduisis qu'il était celui à qui je devrais obéir dès à présent. Je ne vis pas le sourire qu'il me fit, car je regardais toujours le sol d'un air las.

C'est lorsqu'il se présenta et me parla à nouveau que je levai mes grands yeux turquoise vers lui. Je devais ressembler à un petit enfant égaré. Sans détourner le regard et sans lever le visage, je le regardai longtemps, espèrant lui faire comprendre que je n'étais pas du genre à oublier mes problèmes simplement parce que quelqu'un venait me dire bonjour. J'ignorais si le message allait passer, j'ignorais aussi je pourrais me servir de mon air mignon pour obtenir de la tranquillité. Je supposai que non. Ce Akihiko, comme il avait dit s'appeler, avait l'air de quelqu'un qui ne pliait pas facilement.

Je tournai la tête vers la droite, faisant semblant d'observer les allentours. Mais je n'en avais pas besoin, car je ne souhaitais même pas savoir à quoi ressemblait l'endroit.
Je n'avais pas dit un mot depuis mon arrivée, et j'avais décidé de me taire aussi longtemps que possible.

Nous continuâmes à marcher le long du couloir. Je regardai les murs toujours les mêmes et dévisageai les quelques personnes que nous croisâmes. Ils me regardaient tous de manière étrange. Cela me dérangeait. Je n'aimais pas leurs visages surpris et empli de questions. Pas du tout. C'est pourquoi je n'hésitai pas à les regarder froidement. Mais peut-être n'était-ce pas la bonne technique ? Devais-je montrer ma colère ou au contraire parraître amical afin de m'attirer les bons sentiments de tous ? Je finis par opter pour la deuxième option, et, en un instant, me mis à sourire à tous ceux qui passaient près de moi. Tel un petit ange à travers l'okiya, je n'hésitais plus à paraître adorable, bien que je fusse plus qu'épuisé.
Finalement Akihiko ouvrit une porte coulissante et entra dans une pièce. Je le suivis, reprenant mon air neutre et indifférent. Là, je regardai autour de moi, tandis qu'Akihiko ouvrait une autre porte.

- Ce futon est maintenant le tien et c’est dans cette pièce que tu dormiras. Ce n’est pas très confortable, et tu devras t’habituer à la présence des autres maiko, mais n’est ce pas mieux que de dormir dehors ? Si un jour tu deviens une Geisha, tu auras ta propre chambre aménagée à ta convenance. Mais pour l’instant, je ne peux pas t’offrir mieux.

Je me retournai vers lui, qui venait de parler. Il me montrait un futon que je regardai attentivement. A nouveau, je mis en mémoire toutes les informations. Il sortit un futon de l'armoire et je m'approchai de lui. Je m'agenouillai et l'aidai à sortir le dit futon. Jusqu'ici, je n'avais pas fait bonne impression, mais comme avec les autres, je décidai de montrer mon bon jour...

Les soucis de sa Maiko et la peine qu’il portait au fond de son cœur devaient être très lourds à porter pour qu’il n’arrive pas à trouver le sommeil. Pourtant il devait se reposer, aussi bien physiquement que moralement sinon sa santé pourrait décliner elle aussi.

Akihiko continuait de lui caresser les cheveux pour l’apaiser, mais apparemment, même cela ne l’aidait pas à l’endormir. Il ne s’arrêta pas pour autant, ne baissant pas les bras, ne voulant pas abandonner Yukio à sa douleur, sa peine, sa colère et à ses problèmes. Il voulait l’aider et le soutenir, après tout c’était un peu son rôle en tant que chef de clan d’être présent pour les sien. Certes il avait racheté Yukio à ses parents qui semblait être dans le besoin pour vouloir vendre leurs fils, du moins il le pensait, mais Jamais il considérait Yukio comme un esclave et peut être que plus tard celui-ci ne suivra pas la voie des Geisha et à ce moment il le laisserait suivre son propre chemin. Mais avant que cela arrive il lui enseignerait le savoir qu’il avait pu acquérir. Ca, un logement et à mangé était les seules choses qu’il pouvait lui offrir avec un peu de chaleur et de tendresse.

« Essaie de te détendre. » Souffla-t-il doucement. « Pense à quelque chose d’agréable. Moi je pense à un jardin avec un grand sous lequel je serais allongé et où doucement le vent viendrait me bercer et me caresser le visage. Et toi, à quoi penses-tu ? Qu’est ce qui t’aide à trouver le calme et le repos ? »