Une sortie fatigante

C’était rare qu’il finissait dans ce genre d’endroit, ou sinon ce n’était pas pour lui. Vaness était du genre à prendre toutes les précautions, à toujours surveiller ses arrières, mais là il n’avait pas fait attention, il avait baissé ses barrières et s’était retrouvé à l’hôpital. Il fallait dire aussi qu’il n’avait pas cessé de penser à son ex amant. Il avait bien essayé de le sortir de sa tête et de sa vie, mais en vain.

Et voilà, maintenant il se tenait allongé sur un lit d’hôpital. On en avait parlé dans tous les journaux et même à la télé, de ce coup de feu tiré en plein procès alors que Vaness était en pleine plaidoirie. On se demandait encore comment cet homme avait réussi à entrer avec une arme dans un tribunal avec la sécurité mise en place et l’on soupçonnait qu’il avait un complice parmi les membres de la sécurité.

Dans toute cette agitation, Vaness avait été touché à l’épaule. Il avait échappé de peux à la mort car la balle était passé très près du cœur, l’évitant de justesse. Bandage et compresse couvrait maintenant son épaule, l’empêchant de trop la bouger. Il en était à son cinquième jour d’hospitalisation et son épaule le faisait toujours souffrir, mais il espérait bien sortir maintenant car l’odeur des médicaments et du désinfectant commençait à devenir insupportable. Il avait également perdu du poids, faut dire qu’avec la nourriture infecte que l’on servait dans ce genre d’endroit ce n’était pas étonnant. Rien que pour cela il avait hâte de rentrer chez lui et retrouver les bons plats de sa femme de ménage. En cuisine c’était un véritable cordon bleu, elle lui referait prendre du poids et des forces rapidement.

Oui il sortirait aujourd’hui mais il ne se doutait pas que ce ne serait pas sans condition et celle-ci était assez contrariante. Que faisait Heaven ici ?

Il avait l'impression d'être devenu fou depuis qu'il avait allumé sa radio ce fameux jour. Les médias n'avaient parlé que de cela : un fou furieux avait tiré sur un avocat en pleine plaidoirie ! Et le coeur d'Heaven s'était emballé quand il avait appris le nom de l'avocat en question : Vaness Ulhman. LE Vaness Ulhman, SON Vaness Ulhman !!
Les moines avaient été surpris de le voir lâcher son balai précipitamment et quitter le temple en courant... Heaven n'avait même pas pris le temps de leur expliquer : l'idée que Vaness puisse être sérieusement blessé, voire pire, le rendait à moitié fou ! Il avait pris un taxi et s'était précipité à l'hôpital, pour apprendre de la bouche d'une infirmière que personne n'était autorisé à entrer dans la chambre du patient pour l'instant. Et même en la suppliant, Heaven n'avait pas réussi à pénétrer dans l'enceinte sacrée des urgences. Tout ce qu'il avait pu savoir, c'était que M. Ulhman était sérieusement blessé et qu'il devait absolument se reposer. Rien d'autre.
Fou d'inquiétude, il n'avait pas pu rentrer chez lui ce jour-là... Il avait passé la nuit dans la salle d'attente, mortifié et en même temps gêné d'être coincé ici. Une infirmière l'avait pris en pitié et lui avait apporté un café, mais cela n'avait pas beaucoup réconforté Heaven.
Et il s'était résolu à rentrer chez lui le lendemain, quand on lui avait précisé que Vaness ne se réveillerait pas de sitôt et qu'il fallait mieux qu'il se repose lui aussi. Il avait cédé sur ce point-là, mais il était revenu tous les jours...

Jusqu'à ce qu'il puisse rencontrer ce médecin, qui en quelques mots l'avait pleinement rassuré : les jours de Vaness n'étaient nullement en danger, mais il devait se reposer. La balle avait touché l'épaule et Vaness aurait beaucoup de mal à s'assumer dans les jours à venir. A cause de ce handicap, le médecin prévoyait même de le garder encore plusieurs jours à l'hôpital...
Heaven insista pour rencontrer le patient, et il dû batailler avec le médecin car il ne faisait partie ni de la famille de Vaness, ni de son entourage proche. Il faillit exploser de colère et d'inquiétude, mais finalement le médecin le laissa passer et lui proposa de l'accompagner, puisque lui-même se rendait dans la chambre de Vaness.

Un peu stressé à l'idée de revoir enfin Vaness, Heaven se félicita d'avoir pensé à apporter un petit bouquet de fleurs... Ce n'était trois fois rien, et les autres jours, le bouquet avait été offert à une infirmière puisqu'il n'avait pas pu le donner en personne à l'avocat : il espérait que cela lui ferait plaisir, même s'il avait l'impression d'être un idiot avec ses quelques jonquilles jaunes dans la main.

Le médecin entra dans la chambre, et le coeur d'Heaven se serra en voyant cet homme si fort allongé dans ce lit, comme n'importe quel malade. Il s'avança, un petit sourire penaud sur le visage, pendant que le médecin parlait :

" Bonjour M. Ulhman. Votre blessure vous fait souffrir ? J'ai une bonne nouvelle pour vous : vous allez pouvoir sortir aujourd'hui. Votre état est suffisamment satisfaisant comme cela. Je ne l'aurai jamais autorisé si je savais que vous seriez seul chez vous : votre épaule va beaucoup vous handicaper dans les jours à venir. Mais ce jeune homme ici présent s'est proposé pour rester à vos côtés, en tant qu'ami, aussi je vais signer votre autorisation de sortie."

Heaven en profita pour s'avancer, déposer les fleurs dans un petit vase prévu à cet effet sur la table de chevet, et il ajouta timidement :

" Je t'aiderai jusqu'à ce que tu ailles mieux... Ce sera plus pratique pour toi."

Vaness avait enfin le droit de sortir, de rentrer chez lui, seulement à la condition que Heaven reste avec lui. IL ne pouvait pas refuser sous peine de rester cloitré dans cet hôpital, mais rien ne l’empêchait de mettre Heaven à la porte dès qu’il serait chez lui, cependant il se doutait que se dernier ne démordrait pas à l’idée de s’occuper de lui. Oui Heaven avait toujours été une vraie tête de mule et ça il le savait, mais il n’avait pas le choix. Vaness n’avait donc pas le choix.

« Je vais bien docteur, je vous remercie d’accepter de me laisser sortir aujourd’hui. »

Le médecin quitta la chambre pour aller signer l’autorisation de sortie et Vaness en profita pour se lever et quitter son lit. Son épaule le faisait souffrir, mais le reste de son corps lui était valide et à force de resté allongé il avait besoin de bouger. Il portait une de ses blouse ridicule que l’on portait habituellement à l’hôpital, et il était nu dessous. Il avait besoin de revêtir de vrai vêtement et propre. Sa femme de ménage lui avait préparé un sac de vêtements qu’elle avait confié aux bons soins d’une infirmière qui l’avait rangé dans le placard de la chambre. Vaness ouvrit alors le placard et en sortit boxer, chaussettes, chemise, pantalon et chaussures.

Il enfila le boxer, mais pas sans grimacer car à chaque mouvement qu’il faisait son épaule le faisait souffrir. Il réussi à enfiler son boxer avant de se rassoir sur le lit pour souffler. Il regarda la petite table de nuit remplit de bouquet de fleur.

« Alors tous ces bouquets venaient de toi. Tu sais au moins ce que signifient les jonquilles dans le langage des fleurs ? Une ardente sympathie, le désir et que tu te languis d’amour. C’est ce que tu ressens en offrant ses fleurs ? »

Il le regarda, un regard vide d’émotion tandis qu’il restait à moitié nu, avec pour seul vêtement un boxer et un bandage à l’épaule qui couvrait une cicatrice de plus, devant Heaven. Il n’était pas gêné devant lui, après tout ils avaient été longtemps amant, ils connaissaient le corps de l’autre par cœur. Il savait la chaleur de son corps sur le sien, toutes les courbes de son corps, les zones les plus sensibles qui le faisait gémir, tout comme Heaven connaissait tout cela de lui.

« Tu n’es pas obligé de t’occuper de moi. J’ai mon personnel chez moi qui s’en chargera donc tu n’es pas obligé de rester. Tu n’auras aucuns soucis à te faire et tu peux rentrer chez toi tranquillement. »

Sa voix était dure bien qu’il ne pensait pas ses paroles. Quelque part au font de lui il avait envi de garder Heaven avec lui, le garder cette fois pour toujours, mais ailleurs il lui en voulait toujours. Le pardon n’est pas toujours facile à accorder et il lui fallait encore un peu plus de temps.

Il n'était pas idiot et il se doutait parfaitement que tout n'allait pas se passer aussi bien qu'il l'espérait. Même si l'avocat sembla accepter sans broncher les conditions du médecin, il sentit que sa proposition de s'occuper de lui embarrassait Vaness. Il s'y soumettait parce qu'il n'avait pas le choix, et Heaven aurait dû se sentir gêné... Pourtant, il ne ressentait que de la joie à l'idée de pouvoir passer à nouveau un peu de temps avec Vaness. C'était tout ce qu'il désirait depuis longtemps d'ailleurs.

Il le vit se lever et s'approcha aussitôt, craignant qu'il ne souffre et n'ait besoin d'aide. Il n'osa pas le toucher, se doutant que l'avocat ne se laisserait pas faire, mais il resta à proximité, se mordant la lèvre quand il le vit grimacer de douleur. Bon sang, s'il avait eu ce fanatique sous la main, il l'aurait étranglé pour avoir fait cela à Vaness !!
Mais loin de tout cela, le regard de l'aocat dériva sur les fleurs... Et il lui fit une réflexion qui l'étonna, à tel point qu'Heaven se sentit rougir confusément. Il avait été loin de se douter du langage des fleurs... Pour lui, les jonquilles étaient les fleurs de la saison, et il les aimait beaucoup parce que leur corolle fragile semblait presque magique. Il ne s'était pas douté un instant que Vaness pourrait les lire autrement !

" Je ne savais pas... qu'elles voulaient dire cela. Mais je pense que tu connais déjà la réponse Vaness, pas besoin de me le demander." ajouta-t-il en croisant franchement le regard de l'avocat.

Oui, il se languissait d'amour, et l'avocat était un peu cruel de le lui rappeler ainsi... Quoique c'était de bonne guerre.
Par contre, quand ce dernier chercha à se défiler, Heaven sentit un nouveau courage grandir en lui et il s'exclama, soudain autoritaire et sûr de lui :

" Il n'en est pas question ! Je me suis porté garant de toi Vaness, et je vais le faire ! Tu crois peut-être que Maria pourra t'aider à t'habiller ? Tu la laisserais te toucher, t'aider à prendre une douche, s'occuper de toi dans l'intimité ? Tu as besoin de moi pour cela, alors ravale ta fierté : je sais que tu ne veux pas me voir, mais tu n'auras pas le choix Vaness ! Alors maintenant, laisse-toi faire !"

Et il s'approcha pour prendre d'autorité les chaussettes qu'il défit, et s'abaissant au niveau des pieds de l'avocat, il les lui enfila. Puis il prit le pantalon et commença à le lui mettre tout en ajoutant :

" Avec ton épaule, tu pourras à peine accrocher les boutons de tes vêtements... Et puis, je ne veux pas que ce soit Maria qui le fasse : moi j'en suis capable ! "

Voilà comme Vaness s’en était douté, Heaven ne lâcherait pas l’idée de jouer les infirmières, mais se soudain tressaut d’autorité donnait envi à Vaness de rire. Ca lui rappelait la fois où ils avaient été agressés dans un parking souterrain. Il avait été blessé et Heaven avait été au petit soin avec lui tout en montrant une autorité ferme et dure qui n’eut aucun effet sur Vaness car cette histoire c’était fini au lit où ils firent l’amour longuement. Cette fois ça ne se passerait pas ainsi, les conditions n’étaient plus les mêmes, ils étaient séparés.

A écouté Heaven on aurait dis qu’il était jaloux d’une femme. Une femme, ces êtres que Vaness n’aimait pas, en tout qu’il ne prendrait jamais dans son lit. Qui plus est, son ex amant était jaloux de Maria, la femme de ménage, ce qui était encore plus hilarant et Vaness ne pu s’empêcher de rire.

« Non mais tu t’entends Heaven ? A t’entendre, on te croirait jaloux de mon employée. A ton avis, qui s’occupait de moi avant que l’on se rencontre et après ton départ ? Maria à toujours été là, comme une mère pour moi. C’est vrai que ça serait gênant de prendre un bain en sa présence, mais ça ne serait pas la première fois. Tu es jaloux de ma femme de ménage ? A ta place, je serais jaloux du reste de mon personnel car il y’a aussi des hommes. »

Il se laissa habiller par Heaven alors qu’il le taquinait avec un petit sourire en coin. Rien de tel pour lui redonner un peu le sourire, sourire qu’il avait perdu après la disparition intempestif de son amant. Si Heaven restait il ne résisterait pas à l’envi de l’embêter, comme une petite revanche pour l’avoir laissé tombé.

« Très bien. Tu peux rester, mais je te préviens, je n’ai pas besoin de toi comme infirmière, je n’ai pas besoin de toi du tout. »

Son sourire disparut, pour laissé place à sa dureté habituelle. Il prit des mains d’Heaven sa chemise et l’enfila, même s’il grimaçait parce que sa blessure lui faisait mal, il voulait prouver à son ex amant qu’il pouvait se débrouiller seul et contrairement à ce qu’il pensait, à boutonner sa chemise.

« On peut partir maintenant ? »

Même si c'était pour se moquer de lui, le rire de Vaness fit un bien fou à Heaven : cela faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas entendu ! Il lui arracha même un sourire amusé alors qu'il écoutait distraitement le discours de l'avocat sur sa supposée jalousie....
Supposée ? Huuum, il avait peut-être raison : l'idée même que quelqu'un d'autre tente de toucher Vaness l'insupportait !

Pourtant, il haussa les épaules dans un petit mouvement détaché et répondit calmement :

" Je ne suis pas jaloux... "

Si, il l'était, mais plutôt se mordre la langue que de l'avouer ! Il se sentait déjà suffisamment stupide comme cela... D'autant plus que la suite des paroles de Vaness l'atteignit plutôt durement : son sourire s'effaça aussitôt alors qu'il haussait une nouvelle fois les épaules comme pour cacher la douleur que cela faisait naître en lui.
Il n'avait pas besoin de lui du tout... Pas de bol, parce que depuis leurs retrouvailles, Vaness manquait à Heaven à chaque seconde. Cela en devenait maladif, et il se réjouissait presque de cette blessure qui lui offrait l'occasion de se rapprocher de lui, même si l'avocat n'en avait pas vraiment envie.

La chemise lui échappa mais il n'était pas prêt à se laisser faire ainsi, et il se rapprocha rapidement de Vaness pour donner un petit coup sur ses mains qui tentaient de boutonner sa chemise.

" Laisse-moi faire, espèce d'imbécile borné ! Si tu veux reprendre le travail rapidement, tu dois apprendre à laisser les autres faire pendant que ta blessure cicatrise."

Il boutonna correctement la chemise avant de s'écarter pour lancer un regard dur à l'avocat.

" Oui, on peut partir. Je récupère tes dernières affaires et on y va. "

Ce qu'il fit sur le champs : il récupéra les dernières affaires de Vaness, remplit son sac et se rapprocha de l'avocat pour l'aider à marcher au cas où. Mais il ne le toucha pas : il resta juste à ses côtés, histoire d'être là.
Et ce fut plus fort que lui : il sourit et répliqua trés doucement :

" En tout cas, vu ta réaction, je me sens rassuré : personne ne semble t'attendre chez toi. Tu ne m'as donc pas remplacé."

Pas jaloux, mon œil. Ca se lisait sur son visage qu’il ne supporte pas que l’on approche de trop près. Il l’avait prouvé plusieurs fois déjà, comme à l’Okiya en voyant Vaness en sortir, et maintenant ici en refusant que quelqu’un d’autre se charge de ses soins. Il fallait avouer que cela amusait l’avocat de le voir si jaloux et possessif, mais ça l’irritait également alors qu’ils n’étaient plus ensemble. Pourtant, au fond de lui, si Heaven avait un autre compagnon, il savait qu’il maudirait cette personne. Alors Vaness n’ajouta rien quand son ex-amant refusa d’admettre qu’il était jaloux.

Alors qu’il était en train de mettre sa chemise, Heaven revint à l’attaque pour terminer de l’habiller tout en traitant le mafieux d’imbécile borné. Elle était bien bonne celle-là, surtout quand un connaissait le caractère de l’ancien prostitué qui était aussi têtu qu’une mule.

Vaness lâcha un soupir pour faire sentir son agacement avant de répondre.

« Tu peux parler, tu es aussi borné que moi, si ce n’est plus, sinon tu ne serais pas ici à faire des pieds et des mains pour t’occuper de moi. Quand à mon travail, blessure ou pas blessure il n’attend pas. »

Vaness était bien déterminé à travailler ses dossiers. Il était hors de question qu’un autre avocat les traite à sa place, alors même au lit, chez lui, il s’occuperait de ses dossiers et ferai reporter les audiences au tribunal.

Quand ils furent enfin prêt à partir, Vaness sortit son téléphone portable et l’alluma. Pas pour consulter tous les messages qu’on lui avait laissés durant son séjour à l’Hôpital, et dieu seul sais combien on lui en avait laissé, mais pour le confier à Heaven. Puisqu’il voulait à ce point aider Vaness autant le laisser faire en commençant par appeler son chauffeur pour qu’il vienne les chercher.

« Tiens, tu pourra appeler mon chauffeur pour qu’il vienne nous chercher à l’entrée. Le numéro est inscrit dans le répertoire à chauffeur. Va dehors pour le faire, l’utilisation des portables sont interdits ici. Je vais signer les papiers pour ma sortie je te rejoins devant l’entrée. »

Il confia le téléphone à son ex amant et se dirigea vers l’accueil. Là-bas il signa tout les papiers et régla les frais d’hospitalisation. On lui donna une ordonnance sur laquelle étaient prescrit tout les médicaments et le matériel nécessaire au nettoyage et au pansement de sa blessure. Puis il retrouva Heaven devant l’entrée. Le soleil brillait fort, mais il faisait toujours froid dehors et il n’avait pas de manteau chaud pour le protégé de se froid. A vrai dire il portait se genre de vêtement seulement quand il savait qu’il allait devoir beaucoup sortir, mais le plus souvent il allait d’un endroit à un autre avec sa voiture où la température était toujours à une vingtaine de dégrée. Il essaya de faire abstraction de ce froid pour s’adresser à Heaven.

« Tu pourras aller à la pharmacie pendant que je récupère mes dossiers au bureau ? Il y’en à une juste en face de mon cabinet. »

C’était peut être le fait qu’il sortait de cette endroit désinfecté à l’eau javel, qu’il rentrait chez lui, mais Vaness se montrait enfin un peu plus docile et doux dans sa voix pour s’adresser à Heaven. Comme quoi parfois un bon bol d’air frais ça fait du bien.

Heaven soupira en entendant Vaness parler de son travail. Oh, il n'avait aucune illusion : forcer l'avocat à prendre un peu de repos relèverait de la gageure ! Vaness était incapable de se détendre complètement : il lui fallait toujours travailler à un quelconque dossier, sans quoi il tournait en rond comme un fauve dans sa cage... Et puis, il avait une réelle obsession pour son travail : même quand ils étaient ensemble, Heaven l'avait déjà noté. Leurs grasses matinées étaient souvent écourtées parce que l'avocat devait travailler. Et Heaven avait aporis à composer avec, d'autant plus qu'à l'époque, certain de l'amour de son homme, il n'avait jamais osé le lui reprocher. Au contraire, à le voir se démener ainsi pour gagner son salaire, il ne l'en avait que plus admiré, et s'était senti encore plus stupide à ses côtés, à ne rien faire de ses quatre mains et à ne pas arriver à se prendre en main comme Vaness avait si bien su le faire lui...

En tout cas, une nouvelle chance se présentait à lui et il ne comptait pas la rater ! Il obéit à Vaness, même s'il faillit l'accompagner pour savoir au moins quels soins l'infirmière allait lui recommander, mais comprenant qu'il risquait de pousser le bouchon un peu loin, il s'abstint et alla téléphoner au chauffeur, qui fut tout de même surpris d'entendre une autre voix que celle de son patron !
Il n'était pas encore arrivé quand Vaness sortit, et touché de le voir frissonner alors qu'il était blessé, Heaven se dépêcha d'enlever sa veste pour la lui mettre sur les épaules avec un petit sourire contrit.

" Il ne manquerait plus que tu chopes la crève avec ta blessure..."

Il se sentit un peu troublé mais tâcha d'en faire abstraction, écoutant ce que lui disait l'avocat à propos de la pharmacie. Il ne pû s'empêcher de froncer les sourcils en entendant parler de ces fameux dossiers... Vu la tournure que prenaient les choses, l'avocat n'allait faire que travailler ! Et son épaule allait en souffrir !

" N'en prends pas trop quand même... Je sais que je n'ai rien à te dire là-dessus, mais les médicaments risquent de t'abrutir un peu, et tu auras du mal à te concentrer. Alors si tu prends trop de dossiers et que tu n'arrives pas à tout faire, cela va te démoraliser."

Enfin, Vaness ferait comme d'habitude, malheureusement... Et sans tenir compte de ses conseils, Heaven ne se faisait aucune illusion.
La voiture arriva enfin et il s'empressa d'aller ouvrir la portière, avant de se glisser derrière l'avocat à l'intérieur de la cabine chauffée. Et c'est alors qu'il se souvint et sursauta :

" On pourra passer chez moi par la même occasion ? Juste deux minutes, histoire que je récupère quelques affaires. Promis, je veux pas squatter chez toi, mais on ne sait jamais... Et puis, je ne veux pas te laisser tout seul alors que tu es blessé, ça ne se fait pas."

Le geste d’Heaven, de retirer sa veste pour la donner à Vaness toucha se dernier, mais il refusa le vêtement et le lui rendit ne voulant pas que son ancien compagnon tombe malade. Cela aurait été bête qu’Heaven tombe malade alors qu’il était chargé de soigné l’avocat, de plus, Vaness n’aurait peut être pas la force de s’occuper d’un malade avec sa blessure à l’épaule.

« Garde la, sinon c’est toi qui va tomber malade et je veux pas d’un infirmier malade chez moi. De toute façon, la voiture ne va pas tarder à arriver. »

Ce froid lui faisait du bien, car la blessure reçue à l’épaule le brûlait et cette chaleur se répercutait dans tout son corps. Il était sans cesse à la recherche de fraîcheur pour calmer cette brûlure.
Il vit la voiture arrivée alors que Heaven le mettait en garde sur son travail combiner à sa supposé convalescence. Il s’attendait plus à ce qu’il le persuade de prendre du repos que de se remettre tout de suite au travail, mais Heaven n’en fit rien et heureusement puisque Vaness n’était pas du genre à resté sans rien faire. En fait le sermon de son ancien amant eu plus pour effet de le faire rire que de le contrarier. Il s’imaginait mal démoralisé à cause du travail. En fait la seule fois où il avait vraiment démoralisé, ce fut lorsque Heaven avait disparu. Il l’avait chercher partout jusque dans les quartiers que fréquentait les prostitués pensant qu’il avait peut être repris ses anciennes habitude ou pire encore, qu’on s’en était pris à lui. Mais finalement, jamais il ne l’avait retrouvé, jusqu’à ce jour.

« Tu penses vraiment que ce genre de chose peut me faire démoraliser ? Tu me connais plus mal que je l’imaginais apparemment. »

La voiture se gara juste devant eux, Heaven lui ouvrait la porte et il s’installa sur le cuire confortable de la banquette. Il vit son compagnon sursauté et son regard revînt vers lui qui lui demandait s’ils pouvaient passé par chez lui. Il voulait prendre des affaires et se contre disait en disant qu’il ne voulait pas squatter et pourtant ne pas le laisser seul non plus. Donc finalement il s’agissait bien de la squatte.

« Alors d’une je ne suis pas seul, j’ai plusieurs employés qui travail dans la résidence que j’occupe. Enfin bon, je suppose que même si je refuse tu resterais quand même pour me surveiller, alors autant que tu prenne des vêtements propres. » Il toqua au carreau qui les séparait du conducteur. La vitre se baissa pour laisser à apparaître le chauffeur. « On passe d’abord chez ce jeune homme, puis à mon bureau et ensuite nous rentrons »

Le chauffeur acquiesça et prit le chemin indiqué par Vaness en commençant par s’arrêter chez Heaven. Il habitait le quartier pauvre de la ville assez miséreux un endroit qui n’était pas fait pour l’avocat qui était habitué à une vie luxueuse. Quel allait être la réaction d’Heaven devant l’immense demeure qu’il avait acquit en arrivant au Japon. De style japonaise, la résidence de Vaness était encore plus grande que son ancienne villa. Une propriété avec jardin, bain extérieur et intérieur avec sa propre source d’eau chaude, un dojo où il faisait venir professeur d’art martiaux pour l’entraîner et multitude d’autre pièce aménagé soit à son goût soit dans le style japonais.
Il aurait pu filer pendant qu’Heaven prenait ses affaires et pourtant il ne le fit pas attendant sagement dans la voiture pour repartir. Ils allèrent ensuite à son cabinet d’avocat et il confia à son ex l’ordonnance du médecin pour qu’il aille à la pharmacie pendant que lui récupérait ses dossiers. Il en profita pour décaler tout ses rendez vous auprès de son secrétaire et lui donna ses instructions pour les jour à venir. Quand il revînt à la voiture, se fur avec sa mallette contenant les dossiers les plus important à traiter.

« On peut rentrer » Avait-il dit en montant dans la voiture.