La mélodie du bonheur [PV]

Le chef de l’Okiya Suwa était installé dans le fond de la salle, simplement assit sur un coussin face à une petite table où deux tasses de thé fumaient, il était comme à son habitude vêtu d’un kimono rouge foncé et d’un Haori marron, ses cheveux noir lâchés sans gêne, rendant l’homme encore plus séduisant mais aussi lui donnant de la prestance, du pouvoir sur cette salle où personne ne pouvait nier avoir regardé Taki quand il était entré en compagnie de son client. Un homme d’une quarantaine d’années, riche il semblerait, qui discutait patiemment avec la première geisha du clan Suwa, comme s’il n’avait pas conscience du corps parfait face à lui.

Taki posa sa tasse qu’il venait d’apporter à ses lèvres, hochant la tête face aux propos de son vis-à-vis. Il appréciait ces moments, simple, où il pouvait apprécier le thé, mais aussi la discutions. Car l’avantage des hommes riches qui achetaient ses services c’était qu’ils savaient discuter… ou du moins occuper notre jeune chef. Car oui, Taki avait beau être payé pour divertir son client, il ne se gênait pas pour décider s’il allait revoir ou non ce même client. Et le choix ce faisait en deux points, le premier : le prix que payait le client, et le deuxième : si le client intéressait Taki. Donc, simplement, si un idiot de jeune héritier vient pour voir notre bel geisha et qu’il se trouve totalement désintéressant, il découvrira la prochaine fois un beau sourire sur les lèvres du chef Suwa qui refusera de vendre son temps à cette personne, prétextant un autre client. La richesse ne permet pas tout.
Taki fait parti de ces geishas qui ont le luxe de choisir leurs clients. Mais après tout c’est la première geisha du clan Suwa et c’est un homme totalement différent des autres, une personne étrangement particulière et puissante.

La porte d’entrée s’ouvrit et les deux hommes au fond de la salle tournèrent la tête, intrigués.

Akihiko entrait au salon de thé. Habillé d’un Kimono aux couleurs claires et soigneusement cousu dans la soie. Ses cheveux gris perle avaient été attachés révélant une partie de sa nuque à la peau aussi blanche et douce que le lin où ses clients pouvaient se perdre dans des baisers. En somme Akihiko était la beauté fragile et la douceur incarnée, toujours un sourire doux sur les lèvres qui parfois révélait la tristesse de son cœur.

Aujourd’hui il avait le même sourire en entrant dans le salon accompagné d’un bel homme, un peu plus âgé que lui mais dont les années le rendant d’avantage séduisant. Il était son client, et un plus encore il était son médecin personnel. Il connaissait Akihiko depuis l’enfance et suivait minutieusement l’état de santé de la Geisha qui s’était petit à petit dégradé depuis qu’il était à la tête du clan Soma.

Ils allèrent s’assoire dans un coin du salon et commandèrent du thé accompagné de petites pâtisseries. Akihiko avait pris un thé vert aux fruits, il aimait beaucoup le thé, aussi bien les thés fleuris, que les thés fruités ou encore les plus connus comme le Earl Grey ou Darjeling etc. Il attendit d’être servit avant de humer sa tasse sous le regard fasciné du serveur. Il le regarda et d’un sourire il le remercia.

Quand le serveur se fut éloigné, Akihiko et l’homme qui l’accompagnait se mirent à discuter à voix basse, pas parce que Taki était, au contraire, les deux hommes ne l’avait pas remarqué, mais parce que la discutions était personnel et touchait à la santé de Taki. Bien sur ils auraient pu demander une loge pour discuter en toute intimité, mais celles-ci étaient toutes complètes et ils devaient patienter s’il désirait en avoir une. Mais cela n’empêchait pas le médecin être très proche de la Geisha numéro un du clan Soma. Akihiko le laissait le touché, le caresser sans être dégoûté, après tout il le connaissait depuis longtemps et se dernier s’était toujours montré correcte avec lui.

Akihiko… Il aurait aimé murmurer ce prénom, juste pour apprécier ses consonances, juste pour exprimer la chaleur qu’il avait dans la poitrine… quelque chose qui le brûlait tout entier mais qui pourtant l’attirait irrémédiablement. Cette sensation, il n’y avait que cet homme pour la lui faire ressentir. Simplement en le voyant, sans même avoir besoin de croiser son regard, c’était presque irréelle. Un sentiment unique. Une haine sans borne.

Taki esquissa un sourire, suivant du regard le jeune homme qui s’installait à quelques tables de lui et son client. Il était beau, on ne pouvait pas le nier, mais le chef du clan Suwa n’arrivait pas à supporter ce trop plein de douceur…urk… C’était presque au-delà de ses forces. Lui et la fraicheur, la douceur, enfin tout ce qui qualifiait Akihiko, ça ne fait pas bon ménage.

Tranquillement, ignorant le dégout qu’il ressentait au fond de lui de se trouver dans la même pièce que cet Geisha, il reposa les yeux sur son client qui lui continuait de regarder Akihiko et son client. Un sifflement agacé passa la barrière des lèvres de Taki, il n’aimait pas ça, vraiment pas.

Et pourtant, malgré l’énervement qui montait en lui il laissa son client se relever, il se doutait qu’il y avait quelque chose, même s’il s’en ficahait.

-Dites moi, Taki, vous connaissez cet homme ? demanda son client en désignant discrètement le client d’Akihiko.

-Non.

-Cela vous dérangerez de continuer à me tenir compagnie à leur table ?

Evidemment Taki dit non, souriant et se levant aussi. Mais on sentait bien que son aura était devenu électrique. Il était agacé, presque en colère rien qu’à l’idée de devoir adresser son sourire hypocrite à cette personne qui l’avait si bien connu au paravent et que maintenant il haïssait avec ferveur. Une haine tellement mauvaise qu’elle devait cacher quelque chose…

Le chef du clan Suwa observa quelques secondes Aki et son client, sa colère grandissant rien qu’à voir la main de cet homme toucher celle de la geisha. Ecœurant ? Il lâcha un soupire, tellement discret que personne ne le perçut.

-Il semblerez qu’ils soient en grande discutions, ce serait un peu déplacé de les déranger, vous ne pensez pas ? sourit-il.

Son client regarda une dernière fois la table voisine.

-Oui…

Puis il se rassit et profita de cet entre vu pour expliquer à Taki, qui semblait captivé, à quel point ce médecin, là bas, lui plaisait et que cela faisait maintenant plusieurs années qu’il travaillait à se rapprocher de lui. Mais il oublia de préciser où en était ce rapprochement.

Taki souriait doucement, écoutait avec attention, commentait avec justesse mais surtout… s’en fichait littéralement. Il n’aimait pas ce penchant qu’avait les gens pour s’accrocher à d’autre personne et de ne plus les lâcher. L’Amour, quel idiotie, ça n’apporte que du mal… et il était bien placé pour le savoir…

Le client de la geisha avait bien remarqué qu’on les observait, le regard froid et haineux que leur lançait Taki, alors qu’Akihiko ignorait tout de leur présence et continuait à siroter son thé tranquillement en discutant avec le médecin qui regardait par moment ailleurs. Ce fut la seule chose que remarqua le chef Soma et il s’interrogea.

« Quelque chose ne va pas docteur ? »

Le médecin eut un sourire pour son patient et à la fois sa geisha avant de lui répondre.

« Tout va très bien Akihiko, c’est juste que nous sommes observé depuis que nous sommes entrés ici. »

D’un signe de tête il désigna une table, ce situant plus loin derrière Akihiko qui se retourna. Il le vit alors, lui son ancien meilleur ami et maintenant son rival qui détestait ardemment, ce lâche qui l’avait abandonné et l’accablait de chose dont il n’était pas responsable. Il détourna le regard, avec un petit sourire en coin, préférant les ignorer, tout simplement, car qu’est-ce qu’il y avait de pire que d’être invisible aux yeux des autres ?

Reportant son attention sur son client tout en buvant son thé ils discutaient à voix basse de l’état de santé d’Akihiko. Celle-ci inquiétait le médecin, être geisha lorsqu’on avait un santé aussi fragile n’était pas forcément une bonne chose, mais le chef se battait de toute ses force pour que cela ne se vois pas, pour que cela ne se sache pas. Il avait un rang à tenir, celui de première Geisha de l’okiya Soma, il ne devait pas décevoir ses clients. Seul le médecin savait ce qu’il en était. Ils avaient convenu un accord pour cacher l’état de santé d’Akihiko, celui de prétendre que le médecin était un client important auquel le chef ne refusait rien. Le médecin avait des gestes tendre et délicat envers la Geisha. Il lui prenait la main, l’embrassait parfois dans le cou, sans qu’Akihiko est un seul mouvement de recule, il lui rendait même ses gestes d’affection par des sourire ou des caresses.

La geisha appela un serveur pour qu’il leur apporte de quoi faire du thé. Il avait envie de préparer lui-même le thé pour le médecin.

« Akhiko, vous devriez vous ménager. »
« Ce n’est pas préparer du thé qui va m’épuiser. »

On lui apporta le matériel nécessaire pour la préparation d’un thé et il offrit à son client ainsi qu’à toutes les personnes présente dans le salon une sorte de cérémonie du thé. Tous les regards étaient braqué sur Akihiko, dont les gestes étaient nobles et majestueux, le rendant encore plus beau. Le médecin lui était fasciné par la geisha, un peu comme tous les clients du salon et même les employés, Akihiko avait capté sur lui l’attention de tous.

Le chef Suwa était dos au mur et donc face aux autres personnes de la salle, il avait, ainsi, une vue imprenable sur le dos d’Akihiko. Ce ne fut pas avec surprise que Taki vit son ancien camarade se tourner pour les regarder, lui et son client, et ce n’est pas non plus avec de bonnes intentions qu’il figea, quelques secondes seulement, son regard noir dans celui gris de son rival. Quelques secondes, donc, qui fit sourire Taki, un air amusé, dominant et sarcastique peint sur son visage sans défaut.

Après que l’autre geisha se soit détourné, préférant surement l’indifférence à une joute du regard, Taki reprit le fil de la discutions qu’il entretenait avec son client. Du moins jusqu’à ce qu’ils virent le serveur passer, tenant sur un plateau tout le matériel pour préparer un vrai thé. A peine avait-il vu cela qu’il savait déjà à qui c’était destiné. Taki connaissait bien les geisha et savait que, dans les deux clans, les geisha osant demander à préparer le thé en public à leur client étaient rare. Et bien sûr Akihiko faisait parti de ces rares personnes.

A peine le chef Soma eut-il commençait à préparer le thé que Taki fut comme renvoyé des années au paravent, au moment où Miya leur apprenait ces gestes si précis et gracieux qu’il faisait aujourd’hui l’une des particularité des chef des deux Okiyas. La geisha Suwa secoua légèrement la tête pour reprendre ses esprits, il n’aimait pas le passé qui s’accordait beaucoup trop avec des souvenirs douloureux.

Chacun des gestes d’Aki était connu à Taki et cela l’agaçait. Avoir encore, par leur savoir commun, un lien avec cet homme lui donnait envie de partir, non de fuir, juste de quitter cette pièce beaucoup trop bruyante. Il quitta des yeux les main de son rival pour regarder son client qui c’était levé, s’excusant auprès de Taki car il devait partir… déjà. La geisha acquiesça et accompagna son client jusqu’à la porte, attirant de nouveaux regards sur lui. Tout le monde, ici, connaissait les deux clans rivaux et savait à quel point les deux chefs étaient à l’opposé l’un de l’autre. Et juste là, on pouvait le remarquer. Entre les gestes gracieux, doux et captivant d’Akihiko et la démarche, la voix et le regard de Taki, le contraste était évident. Comme si tous les deux ils étaient l’image même de chaque beauté.

La première geisha Suwa salua poliment son client avant de revenir à sa table, ne jetant même pas un regard à celle du chef Soma et de son client, il se rassit et finit son thé, calmement, mais l’on voyait tant par son regard que par sa posture qu’il était agacé par tout le bouquant que faisait les personnes autour de lui à complimenté ce qu’ils voyaient.