On ne mord pas, on mange (PV Meri)

Meridian avait longuement observé la scène et à la vue de Seika insultant violemment le pauvre cuisinier il sourit. Lui aussi voulait s’amuser un peu… Il se dirigea donc vers la cuisine, profitant de l’agitation provoquée par le courroux des deux protagonistes et vola une part de gâteau prévue pour le repas du soir. Ces gâteaux, Taki les avaient spécialement commandés dans une pâtisserie européenne réputée et particulièrement chère pour le plaisir de clients richissimes prévus au souper du lendemain.

Meridian sortit discrètement et, prenant soin de ne pas être vu, s’approcha à pas de loups de Seika. Sans un mot, il s’assit en face de lui et le regarda manger. Profitant de l’inattention de Seika, il posa délicatement la part de gâteau à côté du plateau du jeune homme.

Meridian avait clamé son laïus suffisamment fort pour que tout le monde l’entende, surtout un certain cuisinier qui arriva en courant !

Seika s'était bien décidé à répandre tout le contenu de son assiette sur le côté de son assiette, lentement mais surement. Et ploutch on plongeait la cuillère et on la remplissait, on la tournait, le liquide retombait sur la surface plane. recommencer, encore et encore inlassablement. Gestes automatiques comme lorsque l'on mangeait, sauf que là, il ne se nourrissait pas, il nourrissait la table.

Il leva à peine les yeux quand un garçon s'installa en face de lui, se contentant de vérifier que ce n'était pas un adulte venu l'importuner. Puis il l'entendit dire une phrase qui ré-attira son attention; il fronça les sourcils, ne comprenant pas sur le moment, et le dévisagea, curieux. Primo, comment connaissait-il son prénom ? Certes, il faisait partie de l'okiya, mais il ne lui avait jamais parlé avant. Puis il posa les yeux sur le gâteau qui était tombé d'il ne savait où sur son plateau et le sens de la phrase parut un peu plus clair. Et quand le cuisinier fonça vers lui, la bave aux lèvres, furieux, il appréhenda mieux la situation dans laquelle il avait été plongé. Et toute la faute revenait au maiko en face de lui.

C'était trop tard pour clamer son innocence. Seika n'était pas stupide, c'est pour cela qu'il ne tenta pas de se défendre, et il fut attrapé violemment par le bras sans esquisser un mouvement. Le cuisinier serrait fort. encore un peut il aurait une sacré marque.

- tu me fais mal, lâche moi, articula Seika froidement en le regardant dans les yeux sans éprouver une once de crainte.

Puis un torrent d'insultes, et de réprimandes tombèrent sur lui, mais son visage angélique n'exprimait rien. Rien d'autre que de la parfaite indifférence. L'adulte s'emportait, affirmait qu'il allait en parler à Taki.

- Si ca te fais plaisir, dis le lui. Mais le gâteau n'a même pas été mangé, je n'y ai pas touché. Je ne vois pas pourquoi tu te mets dans cet état. Il n'y a pas eu mort d'homme. Et franchement pense tu que j'aurai été stupide de le voler et de le manger juste ici sous tes yeux, alors que j'aurai pu aller dehors sans que personne ne me remarque ?

Il gardait un ton dur, aussi dur que son regard émeraude incandescent puis il se tourna vers le fauteur de trouble.

- Je comprends que tu puisses t'ennuyer et que tu aies envie de faire des farces aux autres pour échapper à l'ennui de cet horrible okiya. Mais que tu choisisses un de tes pairs pour ceci, je trouve ca vraiment dégradant.

Meridian sourit malicieusement à Seika. Il s’approcha lentement de lui et murmura :

Meridian pouffa de rire et s’approcha de plus en plus près de Seika. Il finit par s’assoir sur la même chaise en prenant soin de le pousser un peu et l’enlaça doucement. Il lança un regard au cuisinier et s’excusa de l’impertinence de son ami. En effet, celui – ci était quelque peu fiévreux depuis quelques jours et sa fragilité l’avait rendu nerveux. Meridian demanda au cuisinier s’il pouvait lui apporter un petit en – cas pour permettre à Seika de pouvoir reprendre des forces.
Le cuisinier s’exécuta de bonne grâce face au regard innocent et craquant de Meridian. Il revint bientôt avec une énorme coupe de glace vanille – chocolat accompagné d’une salade de fruit et reparti avec le gâteau volé par Seika… Le brouhaha causé par la dispute cessa soudainement, plus rien n’attirait l’attention des autres résidents de l’okiya. Meridian enlaçait toujours Seika et pouffa de rire une nouvelle fois. Il lui caressa lentement les cheveux et le câlina doucement.

En effet, le dessert valait le coup d’œil… Le cuisinier s’était surpassé pour faire honneur à Meridian : la glace trônait royalement dans une coupelle aussi grande qu’un vase et la salade de fruit, joliment présentée au dessus. Rien n’avait préparé une telle offrande et des murmures de stupéfaction mêlés de jalousie fusaient dans la salle. Le dessert avait l’air succulent et excitait les papilles des observateurs, le cuisinier avait réussi à mélanger glace et fruit sans que tout ne se mélange grossièrement ni ne trempe dans un jus sucré. Il chuchota :

Brusquement, alors que l'attitude froide et détachée de Seika aurait du le rebuter, le maiko s'approcha de lui et osa même passer un bras autour de sa taille. Seika lui jeta un regard interrogateur, ne comprenant pas la raison de ce geste. Depuis son enfance, il n'était pas habitué aux contacts physiques. Il n'avait reçu de ses parents aucun geste d'affection quelconque, et cette familiarité dont faisait preuve Meri envers lui le déroutait. Certes, il lui arrivait de dormir avec sa soeur et de la prendre dans ses bras, mais il n'avait jamais envisagé de faire ca avec quelqu'un qui ne faisait pas partie de sa famille proche.

Or l'adolescent en face de lui se comportait exactement comme s'ils se connaissaient depuis toujours ce qui était loin d'être le cas. Il le laissa faire. ces gestes ne le dérangeaient pas, n'avaient aucune signification pour lui.
Il considéra le fauteur de trouble, partagé. Était il sincère ou se jouait il encore une fois de lui ?

Il ne lui en voulait pas réellement d'avoir tenté de le mettre dans les ennuis, car l'autre semblait considérer ca vraiment comme un jeu; et Sei savait pertinemment que certains jeux d'enfants se révélaient bien plus cruels que ceux des adultes. Mais ce n'était pas parce que le maiko en face de lui se comportait comme un enfant que Sei allait se lasser faire avoir pour ses beaux yeux. S'il voulait jouer, il allait voir que Sei n'était pas dénué de ressources.

Mais ce ne fut pas le cas. bizarrement, maintenant il prenait se défense auprès du cuisiner. Mieux,il lui avait même apporté un dessert de roi. rien de tel qu'une trop grande gentillesse, pour attirer les suspicions; pourtant le jeune dessinateur sourit. il appréciait la manière de faire de Meri. cette façon de manipuler les adultes pour son intérêt.

- Petit limace ? releva-t-il un sourire ironique aux lèvres.

cette appellation lui paraissait totalement incongrue. Il plongea deux doigts dans la glace et en barbouilla les lèvres de Meri sans se départir de son sourire.

- Voilà, comme ca nous sommes deux limaces. Nous bavons de la glace.

Sur ce, il plongea s a cuillère dans le plat, et en pris une bouchée. Délicieux. c'était autre chose que la bouille infâme à laquelle il avait eu le droit tout à l'heure. Seika se met à manger le dessert calmement, sans se presser, sans pour autant quitter des yeux son "bienfaiteur".

- Un marché ? fit-il doucement se demandant où se cachait le traquenard, dis moi comment tu t'appelles d'abord.

Il lécha le dos de la cuillère pour la débarrasser de sa fine couche de glace, tout en scrutant le visage du garçon.

- Tu te doutes surement que je veux connaitre les clauses du marché avant d'accepter...Si c'est donnant donnant, ca ma parait correct.

Meridian embrassa langoureusement Seika, en prenant bien soin de lui rendre la glace que son partenaire lui avait mis sur la bouche. Il pouffa de rire en le voyant se sustenter goulûment^^.

Meridian se colla à Seika et lui montra une petite clef, cachée dans sa paume. Après s’être assuré que son compère l’avait bien vu, il l’a rangea rapidement dans l’une des poches intérieures de son kimono. Il approcha ses lèvres de l’oreille de Seika et la mordilla. Il lui murmura ensuite ces mots :

Meridian enlaçait toujours Seika et poursuivit son explication.

Meridian embrassa une nouvelle fois le jeune maiko puis il se leva et quitta la pièce en riant. Il se dirigea vers la cuisine à la suite du chef et trottina autour de lui. Le cuisinier lui ébouriffa gentiment les cheveux et invita Meri à entrer. Celui – ci se retourna et jeta un regard goguenard à Seika avant de suivre l’homme.

Sei fronça les sourcils en considérant le dénommé Meridian ; Il y avait quelque chose chez lui qui le tracassait. il avait falli le repousser violement quand celui-ci l’avait embrassé, puis s’était ravisé, ne voulant pas attirer une nouvelle fois l’attention du cuisiner. Mais il s’essuya consciencieusement la bouche dès que Meri se recula, pour bien lui montrer que cela ne lui plaisait pas, mais alors là, pas du tout. Il n’appréciait pas qu’on s’amuse avec lui comme avec une peluche ou une poupée.
Malgré son irritation, il prêta une oreille attentive aux dires de Meri. a son habitude, il décortiquas soigneusement ses phrase, démêlants les éléments importants des agréments utilisés uniquement pour le persuader de mieux accepter. On n’acceptait pas un marché sans réfléchir. Meridian le flattait, il en avait conscience, mais i les demandait seulement jusqu’à où il voulait le mener . Aucun doute, ce maiko s’avérait dangereux et à double tranchant. Il semblait pouvoir être une aide précieuse face aux adultes de l’okiya mais Seika pressentait qu’il aurait du mal à garder le contrôle de la situation avec lui. Meri restait un enfant mais il avait quelque chose qui ne rappelait en rien un caractère enfantin, notamment sa manière de le toucher si envahissante.
Il risquait fort de se faire manipuler comme un pantin, parce que Meri était intelligent. Trop intelligent. Ce n’était pas prudent de s’allier avec quelqu’un qui pouvait aisément vous dominer.

Bien évidemment, Seikla voulait mener la vie dure à Taki, tout simplement parce qu’il haïssait les adultes et qui plus est, les êtres tyranniques et autoritaires. Or Taki faisait partie de ces deux catégories, malheureusement pour lui.

- Je vois, fit-il simplement après le discours de Meri.

Il souhaitait lui monter qu’il n’était pas facilement manipulable, c’est pour cela qu’il ne dit rien de sa décision et le laissa rejoindre les cuisiner, serrant les dents lorsqu’il l’ embrassa de nouveau. Puis il repoussa sa coupe de glace pour faire de la place devant lui. Il sortit une feuille de papier, et commença à rédiger un mot. Il le relut, puis satisfait, il se leva pour quitter le réfectoire. Snobant tous les adultes de l’okiya en marchant dans le couloir, il héla un jeune maiko pour lui demander s’il savait où se trouvait la chambre de Meri ; par chance il lui indiqua le chemin, et Seika s’y rendit sans se presser. il déposa le message au bas de la porte, viellant à ce que la feuille ne s’envole pas sous un coup de vent.
La feuille de papier contenait simplement ces quelques phrases

« Tu peux garder la clé. Je suis partant si tu as besoin de moi pour causer des ennuis à Taki. j’ai d’ailleurs pas mal d’idées sur le comment.

Seika

Ps : ne m’embrasse plus jamais"

Meridian attendit la venue de Seika dans la cuisine tout en sirotant une tasse de thé. En vain. Seika n’avait toujours pas fait son apparition au bout d’une dizaine de minutes.

Meri patienta encore un petit moment et revint dans la salle à manger. Il n’y trouva personne ; Seika était parti. Il avisa un jeune maiko qui lui jetait quelques regards inquiets sans qu’il n’en comprenne la raison. La salle s’était vidée pendant l’absence de Meri mis à part ce jeune maiko. D’ordinaire, Meridian l’aurait ignoré mais aujourd’hui il décida de s’y intéresser… Meridian s’approcha du jeune homme et l’enlaça. Tout en le câlinant il sentit le cœur du jeune maiko battre à tout rompre.

Meridian l’embrassa doucement et lui caressa les cheveux. Le jeune homme soupira d’aide, sensible à la beauté envoûtante de Meri. Il s’expliqua :

Meridian le rassura et se dirigea vers la chambre. Il découvrit le petit mot de Seika et eut un sourire.

Meridian retourna dans la cuisine en traversant la salle à manger. Il s’assura que le jeune maiko soit toujours installé et entra dans la cuisine. Il manipula le cuisinier en lui présentant la clef et le message de Seika, lui disant que celui – ci avait tenté de l’entraîner dans son projet… Le cuisinier se mit dans une rage folle et lui arracha des mains la clef et le papier, hurlant qu’il allait tout dévoiler à Taki. Satisfait, Meridian se jeta sur lui et lui reprit le mot des mains, il l’avala et prit soin de parler bien fort et d’articuler chaque mot :

Le cuisinier le frappa encore et encore puis il jeta Meri dans la salle à manger. Le jeune maiko, affolé, se précipita sur Meridian après le départ du cuisinier. Meri éclata en sanglots et expliqua qu’il avait pris des coups pour protéger Seika. Il fit semblant de s’effondrer sur le sol, la douleur le faisant réellement souffrir. Le jeune maiko, en larmes, partit à la recherche de Seika, afin qu’il porte secours à Meridian. Meri, quand à lui, resta allongé en poussant un petit soupir de satisfaction. Le piège était tendu, il ne manquait plus que la proie.

Après avoir déposé le message, Seika erra un peu dans les couloirs de l’okiya avant de trouver un petit coin isolé, à l’abri du monde extérieur. Il s’assit à même le sol, le dos contre le mur, étira ses jambes un instant avant de les recroiser en tailleur. Il n’y avait pas beaucoup de passage ici, et il était sur de pouvoir dessiner tranquillement, sans qu’on le dérange. Il sortit une feuille de papier vierge et se saisit de son éternel fusain. Alors qu’il commençait tout juste à représenter un extraordinaire paysage féerique, son attention fut distraite par le bruit d’une calvacade. Il leva la tête, exaspéré se demandant qui courait ainsi, avec aussi peu de légèreté qu’un diplodocus.
Il reconnut le jeune maiko qui courait vers lui, l’air tellement paniqué, que Sei se demandait vraiment ce qu’il était arrivé. Il se leva d’un bond, laissant tomber feuille et crayon.

- hé ! s’exclama Seika en scrutant son visage en larmes tout en le prenant par l’épaule, qu’est ce qu’il se passe ? Ca ne va pas ?

Le jeune maiko dû s’y prendre à trois fois pour expliquer l’affaire à Sei, tellement son discours était embrouillé et ses bégaiements, difficiles à saisir. Pourtant le dessinateur ne s’énerva pas, prenant le temps de tout comprendre et de tout saisir.

- Satanés adultes, finit-il par conclure en serrant les dents, mis en colère par cette histoire.

Rien que songer que le cuisinier avait pu lever la main sur un autre maiko de l’okiya le révulsait. Frapper c’était tout ce que les adultes savaient faire pour que les enfants leurs obéissent. S’ils avaient pu connaître l’étendue du mépris que Seika leur vouait à tous en cet instant même, ils en auraient été abasourdis. Si persuadés qu’ils étaient indispensables à la vie des plus jeunes. Sei pensait plutôt que tous les enfants se débrouilleraient bien mieux sans eux, et seraient plus heureux.
Il tourna les talons pour se diriger vers la salle à manger le plus vite possible, abandonnant sur le sol ses affaires.

- Meri ? appela-t-il une fois rendu sur place.

Il le trouva allongé par terre. Aussitôt, il se précipita vers lui, inquiet, et s’accroupit auprès de lui.

- Alors il t’a vraiment frappé fort ..fit-il dégoûté avant de trouver une expression très imagée pour qualifier le cuisinier.

Il se promit de le lui faire payer par la suite. Mais pour l’instant, le plus urgent c’était de s’occuper de Meri.

- On va aller te soigner. Tu crois que tu peux marcher ? Je peux t’accompagner jusqu’à ta chambre si tu veux, proposa-t-il gentiment.