Bain matinal XD (PV)

Pianiste Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2011

Je scrutai le plafond, les yeux à demi fermés. Un matin normal, comme parmi tant d’autres. Un léger rayon de soleil se glissa à travers les rideaux de la chambre et me réchauffa le visage. Un rayon d’aurore chaleureux. Totalement réveillé à présent, je me redressai et m’étirer longuement, laissant échapper un bâillement, et quelques soupirs. 6h à peine venaient de sonner et pourtant je n’avais déjà plus sommeil. La routine de la toilette et du petit déjeuner se déroula en un enchaînement rapide que je ne calculai pas. Ce fut une fois dehors, mon sac à bandoulière sur l’épaule que je remarquai qu’il était bien trop tôt pour aller au bar et jouer du piano. Dans la petite ruelle au dessus de laquelle se trouvait la chambre que je louais, il n’y avait presque personne, si ce n’était une ménagère qui secouait ses draps à quelque mètres de moi. Embêté, je me mis à déambuler sans véritable but, m’amusant à contempler le paysage, et à essayer de me repérer un peu près. Se perdre dans la ville, je le faisais souvent, mais cela devait être une des rares fois où je le faisais constamment. Finalement, je me retrouvai tout bonnement sur la place de la fontaine –dieu savait comment j’avais atterri là -.
Cette lente promenade m’avait soufflé une toute nouvelle inspiration, et un air me vint soudain, se déroulant dans mon esprit, sans que je puisse avoir une once de contrôle sur cette musique intérieure, un air que je devais à tout pris noter. Je m’installai sur un banc, tandis que les personnes se faisaient de plus en plus nombreuses dans les rues. Je fouillai dans mon sac et en sorti un bloc de papier de musique, à moitié rempli de mes compositions. Saisissant un crayon, je me mis à écrire, fredonnant en même temps, avant d’entreprendre à harmoniser ce petit air tout simple. J’avais presque achevé ma tâche, quand un coup de vent printanier plus violent que les autres, balaya traîtreusement mon travail. Les feuilles de partition précieuses s’envolèrent au dessus de moi, avant de se disperser en tous les sens.

- Mais !!!! m’exclamai-je contrarié, mais où vous allez ?!!!!

Je me figeai d’horreur quand j’apercus une des jolies feuilles foncer directement, vers la fontaine !!! Non ! Si elle tombait dans l’eau, je ne pourrai pas la récupérer !

- Arrêtez là ! m’écriai-je en me précipitant vers elle, doigts tendus pour la saisir.

Obnubilé par la précieuse composition, je ne prêtais pas attention aux regards moqueurs des passants. Je courus, courus, et enfin, je tenais dans mon poing crispée la feuille. Sauf que mon pied heurta quelque chose de dur. Outch. Je perdis l’équilibre, basculai en avant, lachant la feuille sous la surprise et dans mon effarement le plus total, je me retrouvai à genoux dans la fontaine.

Artiste Peintre Messages : 40 Date d'inscription : 04/04/2011

Réveil difficile. Drap, sous la lumière du jour, de plus en plus jaunâtre. D’ailleurs faudrait qu’il pense à le changer. Et maintenant, fallait sortir du lit. Le premier pas de la journée, c’était capital pour Erkan. Certains lisent leur horoscope le matin, mais lui, il essayait d’interpréter son premier pas hors du lit pour deviner comment se déroulera sa journée.

Ce matin-là, il trébucha sur une canette de bière, et se ramassa magistralement. Hum, soupire suivit l’une longue réflexion. Il préféra ne pas sombrer dans les commentaires, mais il se préparait déjà psychologiquement à des surprises…

Sous le soleil matinal, il arpentait des rues, des rues et encore des rues. Elles lui apparaissaient toutes semblables. Il avait beau tourner et se retourner, il avait l’impression d’être toujours dans la même rue. Le seul point positif, c’est qu'elles étaient assez désertes. Ce n’est pas qu’il avait envie d’être seul, mais comme le premier pas de cette journée lui avait annoncé quelque chose qui ressemblerait à une catastrophe, il se méfait de tout le monde tout à coup. Si une personne passait à côté de lui, il s’éloignait tout de suite.

Errant dans les rues, Erkan se retrouva le spectateur d’une scène qui ne manqua pas de le toucher. Deux chats qui baisaient dans un coin de la ruelle. Ils n’arrêtaient pas d’émettre des bruits bizarres, ça se voyait qu’ils prenaient leur pied. Il s’arrêta comme hypnotisé, pour fixer pleinement cette scène, étonnement remarquable selon lui. Ça devait être bon, il rêvait à ce moment d’être à leur place, prendre à son tour son pied…

Mais quelques instants après, un gars, les sépara d’un coup de pied, gâchant ostensiblement le spectacle à Erkan. Le jeune peintre le fixa d’un regard plein d’incompréhension. Pourquoi! Voilà ce que reflétaient ses yeux. Pourquoi ces chats n’avaient pas le droit de baiser tranquillement. L’autre type, pour toute réponse, lui adressa un regard foudroyant, et s’en alla.

Erkan continua alors sa marche jusqu’à la fontaine, puis s’arrêta, pour garder un œil sur l’azur.... Fixant intensément le ciel, il avait l’impression qu’il allait lui révéler quelque chose.

Nous avons tous un ciel au-dessus de nos têtes, c’est peut-être la seule chose qui nous soit commune. Nous avons également un sol sous nos pieds. Mais vous avouerez que ce dernier, au gré des villes, des quartiers, change. Devient parfois méconnaissable. Seul le firmament est immuable. Unique. A chaque fois que le jeune peintre levait la tête vers le ciel, c’était un moment de plénitude. C’était aussi un moment de rupture avec la réalité.

Les yeux absorbés par ce bleu infini, au fil du temps, le ciel changeait de forme, se transformant peu à peu en visage, une figure où se dessinaient des yeux, un nez, des lèvres... une bouche qui remuait. Un ciel qui parlait juste pour lui. Bercé par une voix céleste, Erkan laissa sa main glisser délicatement sur le rebord de la fontaine, rêvant des douces courbes auquel pouvait appartenir un visage aussi radieux. Un sourire de plaisir passa sur sa face et parut s’y attarder.

Comme le peintre regardait la gracieuse et charmante figure du ciel, l’esprit parfaitement ailleurs, il tressaillit soudain fermant les yeux, et mit les doigts sur ses paupières comme s’il eût voulu ne pas perdre sa vision de tout à l’heure. Mais quand il les rouvrit ce fut un autre visage qu’il aperçut. La face marquée par des gouttes d’eau, Erkan pâlit. Un singulier sentiment le poignit...

- Restez comme vous êtes ! Surtout, ne bougez pas.

Pianiste Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2011

L’eau était des plus glacée. Je tressaillis violemment, pris au dépourvu face à cette fraicheur des plus inhabituelles. Bien sur, je ne m’attendais pas à ce que l’eau soit chaude à souhait, non plus. Même moi, je ne pouvais pas concevoir une fontaine chauffée, ca n’avait pas vraiment de sens. J’étais à cette réflexion, quand je m’inquiétai soudainement du sort de mes partitions. Ouf. Aucune n’était tombée dans l’eau, dieu soit loué. Je me sentis un instant soulagé. Au moins, mes péripéties avaient servi à quelque chose. J’allais m’extirper de ce bassin réfrigérant, quand une voix me fit figer sur place

- Restez comme vous êtes ! Surtout, ne bougez pas.

. Alarmé, j’obéis sans vraiment le vouloir. Avais-je fait quelque chose de mal ? C’est sur….plonger dans une fontaine n’était pas très convenable mais était ce interdit par une loi ? Risquais je d’être arrêté pour ca ? Les adultes façonnaient des lois si bizarres qu’il était fort possible qu’elle existât.Je tournai la tête et découvrais un homme aux cheveux roux, qui arborait une expression de visage étrange, sur laquelle je n’arrivais pas à mettre le doigt. Je me mis donc à le fixer pendant quelques minutes, immobile, cherchant à définir vainement ce que je voyais. Je scrutai ses yeux d’une couleur miel captivante pour savoir ce qu’il avait en tête, mais les gouttes d’eau qui perlaient sur mes cheveux et qui se faufilaient le long de mon visage , me brouillait la vue.
C’est quand des tremblements incoercibles s’emparèrent de mes lèvres et de tout mon corps, que je réalisais que j’étais vraiment glacé. Et rester ainsi dans l’eau n’améliorait en rien la situation.

- P…pourquoi…v..Vous ne ;..voulez pas que je…bouge ? bredouilllai-je, j…’ai vr…vraiment froid.

Je grelottai carrément, sachant que je ne pouvais plus tenir ce froid là, sous peine d’attraper un rhume , j’ ignorai l’interdiction me remis sur pieds dans la fontaine. Je chassais de mon visage l’eau envahissante, avant d’enjamber le rebord de la fontaine et me mettre au sec dans des bruitages assez amusant de « splouch splouch ». Mes pieds nageaient dans l’eau dans les chaussures. Heureusement la caresse du soleil m’empêchait de me transformer en glaçon. Je restai alors là, trempé, un peu désemparé, car bien sur, je ne pouvais pas récupérer mes partitions dans les noyer d’eau, vu mon état. Je reportai alors mon attention sur l’homme aux paroles étrange.

- Je crois que j’ai besoin d’aide, avouai-je.

Artiste Peintre Messages : 40 Date d'inscription : 04/04/2011

Leurs yeux se rencontrèrent, et il se sentit pâlir. Cette vision l’absorbait complètement, en entier…

- Horriblement étourdi, fit Erkan s’adressant au jeune garçon, avec une vive intonation, tout en observant la frêle splendeur de sa silhouette.

Un rire grave et frémissant, explosa. Erkan se sentait tout à coup si joyeux…

Quand est-ce que l’avait-il revu pour la dernière fois déjà ? Hum ? Ceci remontait à…Un an ? Oui, ça faisait bien un an qu’il ne l’avait pas revu.

Depuis 135ans, il était le témoin impassible des chagrins et des joies. Si près d’eux, mais si détaché. C’est à croire que rien ne l’intéresse. Rayonnant, splendide et plein d’éclat, il scrute les gens sans se soucier de leurs existences .

Exposé dans une foire universelle. Expédié par la suite vers une ville lointaine et désertique. Il fut après débarqué au port, transporté sur une charrette, arrivé enfin à destination, alimenté en eau…Le monument, comme par enchantement laissait couler une eau douce et pure.
Mais le plus merveilleux, le plus exquis, le plus savoureux n’était pas cela. Cette représentation artistique imposante, cette fontaine si radieuse, avait quelque chose d’unique, d’incontournable, et parfaitement nouveau au regard du visiteur….La présence d’un être (sculpté) « Dans la fontaine »…ou peut-être sur la fontaine. Car c’était probable qu’il essayait de l’escalader…Erkan ne s’en rappelait pas vraiment…Car le monument en lui-même était difficile à déchiffrer.

Bref, c’était un mythe, une légende…Quelle est l’histoire déjà ? Tss, il n’en savait plus rien. Le fonctionnement de sa mémoire bloquait… Mais il savait pertinemment que cet être présent dans la fontaine était l’objet d’une vénération, et d’un culte particulier. En regardant le jeune garçon tombé dans l’eau de la fontaine, il n’avait qu’une idée en tête…En faire le dessin. Son corps, sa posture, son regard, lui rappelaient parfaitement ce monument. Saisi d’enchantement, il regrettait de n’avoir pas de feuille ni de crayon sur lui. Mais il pouvait toujours se contenter d’observer… tout en profitant de ce tableau artistique…Pour pouvoir le reproduire après. Oui, il voulait regarder en silence, pour s'en imprégner et s'y perdre.

Il lui semblait que le plus important dans cette scène artistique c’était…c’était le fait que le gamin était tout habillé. Etonnant, mais ses habilles ainsi mouillés le rendaient plus irrésistibles, et lui prodiguaient beaucoup de charme. Qui a dit que la nudité est ce qu’il y a de plus désirable ?

Erkan regarda en silence le jeune garçon qui enjambait le rebord de la fontaine, et retint un soupir. De nos jours, les gens peuvent être impressionnants de façon artistique sans le savoir.

- Je crois que j’ai besoin d’aide.

Il arqua son sourcil. C’était lui, ou il entendait le mot « pute » ? Le mot en lui-même ne le gênait pas. Mais le nombre des répétitions, si. Combien de fois ? … « pute » Là, ça vient de faire 5…Il regarda tout autour, il y avait un groupe de jeunes. L’un d’eux était en train de raconter ses virées nocturnes avec « les putes », les mauvais traitements qui leur faisait subir, la manière dont elles se laissaient faire, et ne protestaient pas, leurs cris. Gratifier la « pute » d’un généreux bonus, pour que la « pute » rallonge la passe et le gratifie d’un petit extra par la même occasion...

« Putes », « putes », « putes ». Pourquoi n’avait-il que ce mot-là à la bouche ? Ça exaspérait Erkan.

- On s’en fout de ta pute. Fit-il, excédé, tout en se dirigeant vers le groupe en question.

Silence.

Un autre, l’air encore plus débile, prit la parole.

- Non mais …On veut juste baiser putain ! On cherche à baiser, c’est pas trop demandé non ? !

- Les gars si vous voulez savoir, y a un bordel juste à côté du parc …

Silence. Regards intrigués.

- Elles…elles sont belles ?

- Bonne question, mais je n’y suis jamais allé.

Silence. Regards d’incompréhension, et qui voulaient dire « Tu te fous de nos gueules ! ». Erkan s’empressa alors d’ajouter.

- C’est un pote qui m’a filé l’adresse…

Il dirigea ensuite son attention vers le jeune garçon, sourire au coin des lèvres.

- Alors…tu disais ? Oui…Tu as besoin d’aide….

Pianiste Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2011

Je venais juste de terminer ma phrase, quand je remarquais que l’homme paraissait étonné. Apparemment, ca ne tombait pas sous le sens que j’avais besoin d’une main secourable, avec mes vêtements trempés et mes partitions qui flottaient dangereusement au dessus de la chaussée. Je priais pour qu’elle ne s’envole pas de nouveau.
J’ouvrais la bouche pour ajouter des précisions sur l’aide dont j’avais besoin lorsque je sentis que l’homme au cheveux roux s’était désintéressé de ma personne. Comme si je n’avais plus existé, ses yeux se fixèrent sur quelque chose d’autre. J’aurai pu m’indigner, sauf que je me sentais plus résigné qu’autre chose. Les gens comme moi –ceux de l’ombre, qui ne possédaient pas assez de charisme naturel pour attirer- suscitaient rarement plus de 20 secondes l’attention d’autrui. D’ailleurs, sans mon piano, j’aurai pu à mon humble avis passer très facilement pour l’homme invisible.

- On s’en fout de ta pute, dit l’homme qui paraissait à présent un peu fâché.

J’ouvris deux grands yeux, tout d’abord, croyant qu’il s’adressait à moi, mais comme il se mit à marcher vers un groupe d’étranger, je soupirai de soulagement. Quoique l’appellation « pute » me fit grincer des dents. Je ne savais pas pourquoi mais cela m’énervait qu’on utilise ce terme. Je trouvais ca…dégradant et ca donnait vraiment négatif, alors qu’il ne fallait pas oublier que les prostituées restaient des êtres humains avant tout. Pourquoi autant de mépris ? Et surtout quelle arrogance de se sentir supérieur alors qu’au contraire leur esprit démontrait plus de bassesse qu’autre chose à utiliser ce terme de cette façon. Ecœuré par leurs manières brutes, je suivis la conversation tout en les fixant avant de secouer la tête et ne plus leur dispenser une once d’écoute. L’humain pouvait-il à ce point s’abaisser à se conduire en véritable bête ? Les sentiments élevés tels que l’amour ou la sincérité, ce groupe d’étrangers semblait les nier totalement. Et ca me dégoûtait au plus haut point.
Quand le rouquin revint, je le toisai d’une façon peu amène, vu qu’il avait osé donner des renseignements à ces gens qui avaient démontré sans équivoque leur motivations pas très ragoûtante à mon point de vue :

- Vous êtes homme étrange, lâchai-je en le dévisageant.

Puis j’ajoutai en soupirant :

- S’il vous plait, ca vous ennuierait de ramasser les partitions qui sont par terre ?

Je les désignai d’un doigt dégoulinant d’eau.

- Je ne voudrai pas les tremper, ca risquerait de vraiment les abimer.

Inquiet pour le sort de mes bouts de papier, je ne cessai de les regarder pour vérifier qu’elles ne s’enfuient pas de nouveau. Mes lèvres laissèrent échapper une autre phrase que je ne cherchais pas à retenir.

- Il va falloir que je me trouve des vêtements secs.

Même avec mes faibles connaissances en médecine, je savais que si je restais ainsi, j’allai finalement attraper un bon rhume.

Artiste Peintre Messages : 40 Date d'inscription : 04/04/2011

Son regard vagabondait dans les airs. Ses yeux pourtant n’étaient pas distraits. Une fixité intense accompagnait chaque mouvement de ses iris. Mais Erkan était là, et pas là à la fois. Comme s’il cherchait à saisir quelque chose des yeux, et cette chose fuyait constamment. Alors, il guettait, attendant son apparition, puis cherchait de nouveau à rattraper cela, mais ceci échappait une fois de plus, et s’éloignait de son champ de vision… Après un long moment passé ainsi, il lui adressa enfin la parole, ou plutôt il parla dans le vide, mais en s’adressant certainement à lui :

- Ne vous étonnez pas si vous me trouvez étrange. -Il fallait bien qu’il lui explique. Car il se doutait que son comportement pouvait prêter à confusion-. Quand je rencontre quelqu’un qui m’intéresse vraiment -Oui, il avouait que ce garçon l’intéressait. Et comment ? on ne voit pas tous les jours des gens sauter vers la fontaine- je n’arrive pas à le suivre pendant plus de quelques instants sans que mon esprit soit capté par autre chose, et rebondisse d’une idée à l’autre, de pensée en pensée, d’image en image…Et je CAPTE –Il insista sur ce mot là, avec une intonation des plus vives, et une voix grave. Comme si ce mot à lui seul contenait le secret de la divagation de son esprit- un itinéraire de raisonnement, de rêverie, que j’éprouve le besoin de découvrir. Regardez par exemple cette femme qui passe par là, - Il lui désigna de haut en bas avec une main grand ouverte une femme qui passait de loin- ça c’est une Femme. Mais je n’aurai jamais fixé mon attention sur elle, si je ne vous avais pas rencontré…La vie, elle est profonde et imprévisible, je vous l’assure. Je m’éloigne ainsi de mon interlocuteur, mais en même temps, je découvre des univers entiers…Sérieusement, moi ça m’épate. Ça se fait tout seul dans ma tête, sans que je combine quoi que ce soit, mon esprit s’en charge à lui seul. Mais j’ai appris…que parler à quelqu’un est une opération fragmentaire Jeune homme ! Je distingue sa silhouette, son mental, et j’associe ça à un nombre de métaphores. ET LÀ – Il se mit à crier, comme s’il s’épanouissait, tout en exposant ses propres idées- la personne se révèle porteuse d’un sens concentré. Vous voyez ce que je veux dire ? C’est comme l’eau de Javel ! plus c’est concentré, plus ça laisse de trace…Les gens sont faits de mythes et de mystères. Des particules qu’il faut savoir séparer pour les comprendre. Quand je vous regarde par exemple, et que je décortique la scène qui s'est produite tout à l'heure, je comprends que vous aimez plongez dans l’eau, et rester mouillé, mais c’est une manière aussi pour vous Monsieur -Le ton de sa voix se fit plus insistant- de changer de vêtements ! Vous avez trouvé un moyen farfelu, mais aussi malin et astucieux, également TRÈS audacieux d’avoir de nouveaux vêtements sans les payer par vous –mêmes !...ha ha –Il se mit alors à tapoter son épaule- Vous êtes marrant…. Très marrant. Quant à vos partitions…Je l’ai su dès le départ, c’est fait exprès pour que les gens s’intéressent à vous…Vous avez inventé ce moyen car les autres ne s’apercevaient pas de votre existence…J’imagine que ce n’est même pas de vraies partitions, mais juste des bouts de papiers sans valeur que vous avez jetés là. En fait, vous aussi, vous êtes étrange ! Mais pour être franc, il m’arrive de faire comme vous. Faire des trucs débiles pour attirer les regards sur moi, pousser les gens à me parler, et à chercher à connaître ma personne…Alors, ne vous inquiétez pas, je vous ai démasqué, mais je vous comprends. C’est ce qui s’appelle creuser pour arriver au sens. Passer d’un indice à un autre. C'est tout un cheminement...

Si pour Erkan, rencontrer quelqu’un est une construction qui prend forme. Evidemment, il était encore loin d’avoir « capté » quoi que ce soit. Mais les émotions qui regorgeaient en lui étaient très vives, et c’est pour cela qu’il avait tendance à dérouter dans son raisonnement, qui n’est point raisonnement fondé, et lucide. Il me semble en revanche qu’il n’avait rien d’une personne froide et hostile. Au contraire, il était trop enthousiaste.

Pianiste Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2011

La réaction de l’inconnu me prit totalement au dépourvu. Tandis que les partitions tremblotaient dangereusement au niveau du sol, il se lança dans un long monologue. Je n’eus d’autre choix que de le regarder, ahuri tout en écoutant cette tirade qui ne semblait plus finir.
Je penchai la tête sur le côté à l’appellation de « Monsieur ». Je n’avais que 16 ans, et ça me paraissait tellement incongru qu’il me nomme de cette manière. Tout comme ce subit vouvoiement. Ok, je ne supportais pas non plus qu’on me surnomme allègrement « le gosse », le « môme », mais y avait des limites à tout. Un tutoiement et un simple « jeune homme » me convenait tout à fait. Ma grande sœur aimait bien me parler ainsi avec son habituel sourire moqueur « jeune homme, veuillez regagner vos quartiers avant que l’éruption du Vésuve n’éclate ». L’éruption duVésuve, c’était mon père…
Quand l’homme aux cheveux roux leva la voix, je me recroquevillai spontanément, m’attendant à une démonstration de colère comme font les gens quand ils se mettent bizarrement à crier, mais comme il n’en fut rien, et je me détendis imperceptiblement.
Il insistait sur le mot « capter », visiblement ça avait du sens pour lui mais moi je captais très peu de choses, pour être franc. Je me contentais de sourire gentiment, un peu perdu, dans cet océan de mots qui à force de profusion n’élevait rien d’autre en moi qu’une vague panique.

- Euh…laissai-je échapper un peu mal à l’aise.

D’autres de ces phrases me frappèrent comme un coup de poing dans l’estomac.
« Vous avez trouvé un moyen farfelu, mais aussi malin et astucieux, également TRÈS audacieux d’avoir de nouveaux vêtements sans les payer par vous » Comment pouvait-il seulement dire ceci ? Il se méprenait totalement. Je n’avais jamais envisagé qu’on puisse me donner des vêtements secs, et surtout je n’avais rien calculé du tout. J’avais l’impression d’une accusation, comme si ce que j’avais fait été mal et que je devais avoir honte de m’être conduit de cette manière là.

- Mais…cherchai-je à protester ;

« J’imagine que ce n’est même pas de vraies partitions, mais juste des bouts de papiers sans valeur que vous avez jetés là »
Mon estomac se tordit. Pendant un instant, je jetai des coups d’œil alertés autour de moi, surpris de la naissance de cette drôle de douleur qui envahissait ma poitrine. Pendant quelques secondes je cessai de respirer avant que mon souffle ne reprenne, un peu heurté. Je ne savais pas d’où elle provenait.
Douleur.
Enfin je réalisai que c’était ses mots qui m’avaient blessés ainsi.
« Sans valeur. »
Ce que je produisais n’était rien. Inutiles. Vide de sens. Cet homme n’était pas le seul à penser, d’ailleurs c’était bien pour ca que j’avais fui de chez moi.
Quand les feuilles finirent belles et bien par s’envoler loin. Je ne bougeai pas d’un pouce. Je me contentai de les suivre des yeux. Souffrance.
Cet étrange sensation qui me parcourait le cœur me faisait mal. L’impression de n’être rien. De n’être qu’un fantôme dont beaucoup de gens pouvaient se passer. Après tout le son du piano n’était nécessaire qu’à moi…
Je pris une soudaine inspiration. Non, ce n’était pas vrai. Je n’étais pas rien, je n’étais pas nul. La musique avait de la valeur pour ceux qui savaient écouter, qui savaient comprendre. Ce que j’avais écrit méritait d’exister. J’étais moi, et pour cette simple raison ,l’inconnu avait tort.

- Vous vous trompez, répliquai-je avec une nouvelle force en le fixant droit dans les yeux. Elles avaient de la valeur. Beaucoup plus que vous ne l’imaginez. Et je me fiche totalement de ce que peuvent penser les autres de mes actions, et je n’ai pas besoin de leur attention pour exister ou pour continuer à écrire ou à jouer de la musique. Vous ne comprenez pas, monsieur. Vous ne savez pas ce que cela représente pour moi, tout simplement parce que vous ne regardez que l’enveloppe extérieure et pas l’âme à l’intérieur.

J’arrêtai de parler, surpris par ma propre véhémence. La colère….était ce donc ca ? Puis, comme ma chemise dégoulinant continuait à me glacer la peau, je la retirai, la mis sous mon bras, et tournai les talons sans un mot de plus.

Artiste Peintre Messages : 40 Date d'inscription : 04/04/2011

- Vous vous trompez, a-t-il répliqué, en fixant son regard. Elles avaient de la valeur. Beaucoup plus que vous ne l’imaginez. Et je me fiche totalement de ce que peuvent penser les autres de mes actions, et je n’ai pas besoin de leur attention pour exister ou pour continuer à écrire ou à jouer de la musique. Vous ne comprenez pas, monsieur. Vous ne savez pas ce que cela représente pour moi, tout simplement parce que vous ne regardez que l’enveloppe extérieure et pas l’âme à l’intérieur.

Il se trompait….
Il ne comprenait pas…
Il ne regardait que l’enveloppe extérieure, et pas l’âme intérieure…

Erkan le regardait avec étonnement, et une fixité profonde, écoutant ces paroles cruelles et fascinantes à la fois, avec une rage de peindre. Il surgissait en lui une sorte de fourmillement. Erkan tremblait devant la terrible vérité. Il avait eu tort.

Ça signifiait tout simplement que ce qu’il avait dit, était épouvantable, mais pourquoi ? Ha …mais oui. Le regard de l’artiste ne s’arrête pas à la surface des choses. Le regard de l’artiste va plus loin, creuse au-delà des limites corporelles. Il dépasse toutes les contraintes physiques. Comment a-t-il pu négliger ce point. Raaah, une fois de plus, il s’était montré étourdi.

Tout à coup, il admirait intensément ce jeune homme. Des paroles pareilles…ça ne sort pas de la bouche de n’importe qui. Faut être artiste pour dire ça. Artiste. Est-ce qu’il en était un lui ? Est-ce qu’il en était vraiment un ? Jusqu’à ce jour, c’était une conviction. Mais là, il connut un sentiment déchirant. Le doute. Il doutait de ses capacités, de son statut, de ce à quoi il était parvenu…

Il avait toujours été exposé à la critique, autant positive que négative, et il considérait que la critique faisait partie de la démarche artistique. Malgré toutes sortes d’accusation, et de paroles véhémentes. Ceci ne le rendait que plus ambitieux, et déterminé dans son travail. Mais soudainement, c’était comme si des années…. Non une vie entière consacrée à sa plus grande passion, s’effondrait sous son regard endolori.

Et pourtant, Erkan faisait partie de ceux qui étaient arrivés si loin dans leur démarche. Et par les commentaires, ou même les coups de gueule, il se sentait existé. Il se sentait « utile » à travers ses œuvres. Ça ne pouvait que lui faire plaisir de heurter la sensibilité les gens, mêmes si ceux-ci haïssaient ce qu’ils faisaient. L’important c’est qu’ils réagissent ! Et là, il était plutôt content. Paradoxe. Il était content que le jeune garçon réagisse. On dit bien que c’est par la discussion que jaillit la lumière. Il la voyait cette lumière maintenant. Tout se faisait plus clair. Que le garçon réagisse prouvaient également que ses paroles avaient une certaine valeur. Sinon, il se serait éloigné sans rien dire. Ah, mais en fait, il s’apprêtait à s’éloigner…

Ce fut sombre et lumineux.

Il se sentait comme un clown accablé d’être impuissant de faire rire. Mais, y avait une révélation dans tout ça. Une révélation qui allait certainement le rendre plus fort. Il comprit que le mot est un souffle, qui peut jongler avec le vent, et ciseler les gens.

Ainsi, dans sa tristesse, une lumière tapie au fond de lui surgissait des ténèbres. Dans notre métier, on peut plus ou moins rétablir nos erreurs. Mais quand on parle, on ne peut pas réparer les conséquences des mots qui sortent de notre bouche.

Oh, désespoir. Son désespoir à lui, c’était de voir que le jeune garçon avait perdu son sourire. Erkan adorait ça, les sourires, et les éclats de joie. Ce n’était pas grand-chose, mais son corps ressentait une gaîté nouvelle en voyant un sourire. La vie lui avait toujours procuré une immense joie, mais il savait que cette « joie » était tissée avec les fils d’une toile d’araignée. Qu’il suffisait de si peu, de si infiniment peu, pour glisser entre ces fils, et sombrer ….

A peine le jeune garçon tourna-t-il les talons, qu’Erkan se jeta à ses pieds. Incliné, face à lui, dans une attitude de silence. Son front touchait le sol, et son regard était enfoui. Prosterné ainsi, Erkan n’osait plus lui faire face, trop honteux. Comment-a-il pu blesser un cœur. Non, il n’aurait jamais souhaité ça…

Après quelques instants, il osa enfin s’exprimer :

- Pardonnez l’étrangeté de ma demande…mais ne pourriez-vous pas m’apprendre un peu plus sur votre métier, de manière à ce que je puisse comprendre ce que cela représente pour vous.

Pianiste Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2011

Je fis quelque pas pour m’éloigner de cet individu qui avait eu cet étrange pouvoir de provoquer cet étrange brûlure au fond de ma poitrine. La peau de mes mains me démangeaient et j’avais envie d’envoyer un coup de pied sur quelque chose, n’importe quoi. La colère avait un grand pouvoir décidément. Ou alors c’était simplement que le poids de ma chemise me gênait. Sèche, elle se faisait d’une légèreté de plume….tandis que là, elle me pesait plus qu’autre chose. J’avais les mâchoires crispées, tandis que je ne pouvais m’empêcher de me remémorer les paroles blessantes qu’il avait eu à mon égard. Et à chaque fois que je les répétais en moi même, la petite flamme au fond de moi grandissait.
Soudain, une masse de tissu se mit entre moi et la chaussée, et je pilai net, manquant de me faire à moi même un croche patte et de m’étaler par terre. La bonté du ciel fit qu’heureusement je retrouvai mon équilibre in extremis. Au même moment, le vent traître se mit à souffler me figeant sur place, par sa fraîcheur.
Je contemplai ,stupéfait, l’homme qui s’était prosterné ainsi devant moi. la plus totale me submergeait tandis que je ne savais pas comment réagir face à ce comportement. Que lui prenait-il ? Se moquait-t-il consciemment de moi ? Je restais là les bras ballants, désemparée face à cette attitude de soumission, indigne d’un adulte, devant moi qui n’avait quand même que 16 ans.

- Pardonnez l’étrangeté de ma demande…mais ne pourriez-vous pas m’apprendre un peu plus sur votre métier, de manière à ce que je puisse comprendre ce que cela représente pour vous.

Un soupir des plus naturels s’échappa de mes lèvres. Je compris derrière les mots, le sens caché de ses propos. Une façon de s’excuser, de se rattraper. La brûlure s’évapora aussitôt. Remplacée par celle plus diffuse du pardon.
Je me penchai légèrement et lui tendis la main :

- Allons, relevez vous….je n’ai pas encore attrapé la grosse tête pour accepter qu’on s’agenouille ainsi devant moi…

Je lui décochai un sourire sincère.

- Et je peux te parler autant que tu voudras de ce qu’être pianiste, de ce que composer peut être, et de ce que représente la musique pour moi. On peut dire que c'est un peu l'air que tu respires ou l'eau que tu bois. Beaucoup de gens sont incapables de discerner les mille facettes qu'elle possède. Mais je te dirai tout ca, à condition....

Je fis une légère pause, le regardai de nouveau avec attention, penchai la tête sur le coté.

- A la condition…que tu m’offres ton prénom…..

Le vent se remit à mugir et je fus secoué de tremblements incontrolables.

- ….Et que l’on discute dans un endroit un peu plus chaud que celui ci.

Artiste Peintre Messages : 40 Date d'inscription : 04/04/2011

À l’époque il avait vingt ans ou presque, obnubilé par sa future carrière d’artiste, impressionné par son propre talent, il voulait créer quelque chose de nouveau, avec des trucs à la picasso ….vous voyez le genre….

Il passait des journées entières devant le tableau vierge, ses yeux fixaient cette couleur blanchâtre, rien ne venait. Pourtant, il avait de l’inspiration. Il sentait que beaucoup d’idées regorgeaient en lui, mais quelque chose n’allait pas. Ça ne voulait pas se fixer sur une toile.

Il est magnifique le futur géni de l’art ! se disait-il de façon ironique, en voyant qu’il n’arrivait à rien, malgré sa ferme résolution, et son ambition grandissante chaque jour plus.

Dehors, y avait du soleil, il faisait beau, il faisait frais. Il pensait à ces gens qui arpentaient les rues. Ils voulaient être comme eux en ce moment. Mais non ! Fallait au moins terminer un tableau. Il voyait ça de là où il se trouvait: « Erkan Quin, grand artiste qui révolutionna la peinture avec de nouvelles formes dès ses vingt ans». Franchement…il rêvait dans le vide. Il n’avançait à rien.

Seul, dans un studio pourri, il tirait les rideaux, histoire que ça fasse, chambre d’artiste, et puis, rien. Alors, il se balançait à travers la ville, changeant un peu d’air, pour oublier qu’il n’a rien fait d’utile dans sa journée. Et pour réussir vraiment à oublier, il pensait à quelque chose qui l’absorbait encore plus que l’art : « Je dois absolument baiser, peu importe comment, et avec qui. Je ne voudrais, sous aucun prétexte, devenir ce genre de gars. »

Il continuait sa longue promenade qui se servait à rien, enfin si quand même, nourrir des idées érotiques, et arrivait jusqu’au ciné. En s’engouffrant dans le noir, devant l’immense flaque de lumière, il la voyait Elle…..Parfois c’était Lui…. « Il » ou « Elle » était la source de toute son imagination…érotique. Son visage, ses lèvres, ses mains…Le film, on s’en fout du film. C’était le rêve érotique d’Erkan qui commençait à cet instant là. Assis en face de l’écran, dans cette pénombre qui déchirait le lieu, ses yeux dissipaient le reste, et se concentraient sur une seule image : « Il », ou « Elle ».

Après les heures de ciné, il s’installait dans un salon de thé, où il rencontrait des amis. Il se trainait misérablement par la suite jusqu’à chez lui, avec un sentiment de ridicule, d’impuissance, gagné par un perpétuel ennui. Las, il observait l’ombre de sa chambre, avec une multitude de questions qui l’assaillaient. C’était le moment de l’incertitude.

Est-ce qu’il voulait vraiment baiser ? Est-ce qu’il voulait vraiment peindre ?

Tout ça pourquoi ?

C’est pour dire que ce jeune garçon qui se trouvait là en face de lui, était tout sauf lui à cet âge là. Erkan, qui avait relevé la tête, fixant son regard sur lui, ne demandait pas plus que de le contempler. Le jeune garçon l’absorbait tout entier.

Erkan le regardait, et en même temps, il se revoyait quand il était plus jeune, il essayait de fixer son image dans celle du garçon…Mai ce n’était vraiment pas pareil. Lui, à cet âge là, prenait tout pour de la plaisanterie. Dénichait ses paroles au hasard, sans jamais oublier de rire. Et après, il demandait : « Est-ce que c’est beau ce que je viens de dire là ? »

Il se leva, et d’un pas vif, il vint par derrière le jeune musicien. Un bras vint se glisser sous les aisselles du garçon, s’enroulant autour de lui, pour le soulever d’une façon très légère. Erkan déclara sur un ton des plus joyeux :

- Je m’appelle Erkan… Erkan Quin. C’est pas difficile à retenir hein ? Maintenant allons-y chez moi ! Il y a des habits neufs et secs, et on pourra parler tranquillement…

Et hop, sans attendre de réponse, Erkan s’engouffra dans les allées. Il ne marcha pas, il s’envola. Aves ses jambes longue, il avait une démarche plus que déterminée. A croire qu’il nageait dans l’air sans toutefois courir. Vous et moi, on met un pied devant l’autre, lui ça n’a rien avoir. Il glisse dans les rues.
Gagné par une joie nouvelle, celle de la rencontre d’un jeune garçon qui allait lui parler de son art, Erkan se mit à chanter :

- Un kilomètre à pied, ça use, ç use…

Pianiste Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2011

L’homme se releva, et je fus soulagé qu’il cesse de ramper dans la poussière du chemin.
La poussière du chemin….tiens cela me donnait une magnifique image en tête tout d’un coup : un chemin de terre qui menait vers tous les possibles. Une route faite d’aventure, de découverte. Un chant s’associa immédiatement à cette image. Frais. Libre, légèrement nostalgique. Elle commençait à évoluer dans les limbes de mon cerveau, à prendre sa place lentement, d’abord floue et anodine, mais je savais que dans pas très longtemps, elle éclaterait de toute sa splendeur.
Comme à chaque fois quand une musique me venait le paysage réél s’effacait et je n’avais plus conscience de ce qui évoluait autour de moi. C’est pourquoi je sursautai quand je sentis les bras d’Erkan s’enrouler autour de moi. Le sol s’évapora, et effaré je jetai des coups d’œils inquiets, surpris de ne plus toucher par terre.

- Houla ! m’exclamai-je.

Mais quand je perçus son air joyeux, je ne pus m’empêcher de lâcher un rire. Il avait l’air si content que ca faisait chaud au cœur. La joie brillait dans les yeux des gens, elle leur agrandissait l’aura, et c’était merveilleux de la sentir.

- Erkan Quin, répétai-je savourant la sonorité du mot car les prénoms avaient un don magique : ils n’appartenaient qu’à une unique personne.

Je le fixais ensuite dans les yeux, gravant ce visage et ce nom dans ma mémoire, avant d’ajouter, comme les convenances le demandaient :

- Je m’appelle Misaki Kyo.

Puis je me laissai entraîner à sa suite. Il avait une manière si particulière de marcher, que c’en paraissait magique. Comme s’il dansait. Comme s’il volait. J’étais impressionné, subjugué. Peut être que cet homme n’était pas si ignorant après tout, même s’il ne voyait pas les âmes. Car il fallait être un magicien pour se déplacer de la sorte…
Quand il se mit à chanter, je l’écoutai amusé, avant de reprendre avec lui par automatisme. Marcher vite trompait le froid, et j’en arrivais presque à oublier que mon pantalon dégoûtait d’eau.
Alors que j’étais là à chanter cet air amusant, les images se flouèrent, et LA mélodie perça le ciel, résonnant à mon oreille intérieure. L’image du chemin réapparut clamant de vérité. Et le son léger d’une flûte.
Les paroles s’échappèrent de mes lèvres irrépressibles, tandis que l’air mélancolique à souhait s’envolait dans les vents de notre course :

- « Autrefois, petits, à la maison, celui que j'aime, elui que j'aime est perdu à jamais
Il est parti au loin, et ne reviendra plus et, je reste à chanter ...
A chanter, pour celui que j'aime..celui que j'aime, un jour il m'a quitté
Il est parti vers des pays lointains vers un pays que je ne connais pas »

C’est là que j’aperçus que nous étions arrivés. Nous nous étions arrêtés. La musique s’était arrêtée, mais elle n’arrêtait pas de vibrer à l’intérieur de moi. Je fis un petit sourire à Erkan.

- C’est ici que tu vis ?

[[ on continue chez erkan ?^^]]

Artiste Peintre Messages : 40 Date d'inscription : 04/04/2011

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