M'as-tu oublié ?

Vaness avait beaucoup repensé à ce soir là où il avait revu son ancien amant et celui-ci avait hanté son esprit jour et nuit, s’insinuant dans ses rêves les plus intimes les transformant en une nuit d’amour érotique et le réveillant le matin en sueur. Il était encore plus fatigué que s’il n’avait pas dormi et du coup, il était d’une humeur de chien. Ce pendant il devait garder son calme, surtout s’il devait se rendre à l’Okiya Soma.

Le clan Soma n’autorisait pas la violence et les esclandres au sein de leur maison et puis Vaness n’était pas là pour ça. Il était porteur d’un message d’Aizen pour le chef et première Geisha du clan Soma. Il devait lui transmettre un dossier sur un client d’Aizen qu’il devait rencontrer. Ce dernier espérait que grâce à la Geisha, il gagnerait la confiance de ce client. Cette tâche aurait pu être accompli par n’importe quel sbire du Yakuza, mais allez savoir pourquoi il avait choisit d’y envoyer Vaness son avocat.

Enfin la mission étant accomplis après une longue discussion avec Akihiko pour répondre à ses questions, il ressortit de l’Okiya. Le chef, un très bel homme aux longs cheveux gris, vêtu d’un kimono, l’avait raccompagné jusqu’à la porte et pour le remercie de cette attention, Vaness se pencha lui prenant la main pour y déposer un chaste baiser tel un vrai gentleman, image qui lui collait bien lorsqu’on ne le connaissait pas. Mais comment ne pas croire cela quand il sortait ce magnifique sourire charmeur.

« Il n’était pas nécessaire de me raccompagné jusqu’ici Akihiko-san. Vous devriez rentrer maintenant, Aizen-san m’en voudrait si vous attrapiez froid et que vous tombiez malade »

Le dénommé Akihiko le salua et referma la porte derrière lui. Vaness en profita pour appeler son chauffeur. Quelques minutes s’écoulèrent et le chauffeur n’arrivait toujours pas, ce qui agaça notre cher avocat qui pensait de plus en plus à le virer

Heaven n'avait jamais ressenti cela : c'était bel et bien la première fois de sa vie qu'il était jaloux. D'une jalousie folle et destructrice, mais en cet instant, il aurait pu tuer l'homme que les mains de Vaness avaient probablement touché dans cet endroit... Ces mêmes mains qui le plongeaient dans les délices autrefois et qu'il regrettait tant.
Dans son esprit, il n'y avait aucun doute possible : l'avocat l'avait remplacé... Mais au lieu d'un amant ou d'une conquête d'un soir, son rival était une maison close, ou l'équivalent, car aux yeux d'Heaven, les geishas se rapprochaient un peu trop de ce qu'il était autrefois ! Il payait pour voir d'autres hommes, il l'avait remplacé... par d'autres prostitués, et il en était fou !
Pourtant, cela aurait dû le rassurer, car personne n'avait pris sa place dans son coeur en un sens. Mais dans l'esprit d'Heaven, c'était presque pire : il aurait mille fois préféré voir un autre homme dans la vie de Vaness que cette bande de guignols en kimonos ! Parce que contre cela, il ne pouvait pas se battre... Ou si peu.

Se rapprochant de l'avocat, il dévoila sa présence. Ses yeux ne le quittaient pas alors qu'ils devenaient plus sombres, plus féroces. Il savait qu'il n'avait pas le droit de lui en vouloir, que c'était lui qui était parti sans dire un mot, mais... C'était plus fort que lui : la jalousie le rongeait.

" Bonjour Vaness." dit-il froidement.

Et comme si c'était plus fort que lui, il enchaîna sur un ton qui se voulait détaché :

" Je parie que ces types là-dedans sont incapables de te faire ce que je te faisais... Et moi, je te demanderai moins cher. En souvenir du bon vieux temps évidemment."

Il savait pertinemment que Vaness réagirait à ses paroles, même si une partie de lui avait presque espéré qu'il accepte cette offre saugrenue de recoucher avec lui... Cependant, cela ne marchait pas aussi facilement avec l'avocat, et quand ce dernier comprit qu'il avait repris son ancien métier avilissant, Heaven se sentit complètement stupide.
Il n'aurait jamais dû réagir aussi violemment, ni proposer quelque chose d'aussi stupide. Dire qu'il s'était juré de ne plus jamais reparler de cela, et voilà qu'il venait de proposer de coucher avec quelqu'un pour de l'argent : même si cette personne était l'homme qu'il aimait toujours, il se déshonorait lui-même, et trahissait sa propre promesse !

Son regard s'adoucit alors qu'il perdait un peu de sa superbe, et il se racla la gorge avant de reprendre la parole :

" Non, je ne me vends plus, et je ne t'ai pas menti. C'est juste que... en te voyant sortir de là... J'ai cru des choses, et j'ai réagi comme un con."

Il soupira, en partie démoralisé par ce qui venait de se passer, et en partie gêné d'avoir fait cette crise pour rien. Il se sentait minable, et il détestait cette impression qu'il n'avait plus ressenti depuis qu'il avait quitté le trottoir.
Pourtant, même si ce qui venait de se passer semblait lui prouver que l'avocat ne voulait plus rien à faire avec lui ( aprés tout, même coucher avec lui ne semblait pas l'intéresser !), une partie de lui n'acceptait pas de baisser aussi facilement les bras et de laisser tomber. Il aimait toujours cet homme bon sang ! Il l'aimait à la folie, et s'imaginer continuer à vivre sans lui... Sachant que ces quelques années loin de Vaness avaient été une véritable épreuve... Non, tout mais pas ça !

Et c'est pour cela qu'il ne pu s'empêcher de rajouter :

" Il n'y a qu'à toi que j'ai envie de me vendre Vaness..."

L’envi de rentrer chez lui se faisait de plus en plus ressentir, malheureusement, son chauffeur tardait à arriver et pour couronner le tout Heaven le retenait avec ses caprices et une jalousie qu’il trouvait vraiment mal placé venu de lui. Parce que finalement c’était bien une crise de jalousie qu’il lui faisait en croyant qu’il aurait pu le remplacer par un autre dans son lit ou encore dans sa vie. Quelque part ça faisait plaisir à Vaness de savoir que son ex-amant ressentait se genre de sentiment, pourtant il n’était pas prêt à lui pardonner pour autant. Il avait sa fierté et il n’était pas du genre à pardonner aussi facilement, après c’était Heaven qui avait décidé de partir sans donner de raisons, il était trop tard pour revenir en arrière.

« Tu ne crois pas que c’est mal venu de ta part de me faire une scène en voyant que je sort d’une maison close, alors que c’est toi qui m’a quitté. Même si je couche avec des geisha, cela ne te regarderais pas, on est plus ensemble Heaven et ce uniquement par ta faute. Je t’ai donné ce que jamais je n’avais donné à personne, mais tu es quand même partit, tu as retrouvé ta liberté, alors accepte la mienne de liberté. »

C’était peut être mieux ainsi, qu’il soit séparé, car même s’ils avaient tous deux changé de ville, qu’Heaven avait changé de vie pour travailler au temple et gagner sa vie de manière honnête, lui n’avait pas pour autant changé de mode vie. Il avait seulement changé de patron et non de travail. Sa vie restait toujours dangereuse.

« Je n'ai aucune attention de t'acheter, tu ferais mieux de te trouver un meilleur client. Et vois le bon côté des choses Heaven, ici personne ne s’en prendra à toi pour m’atteindre, car personne ne sais que nous avons été amant. Tu ne seras plus en danger comme la fois où tu as été enlevé. »

Ca ferait peut être mal a Heaven de lui dire ça, mais ça lui faisait tout aussi mal. Il l’aimait toujours, il l’aimait comme il n’avait jamais aimé et n’aimerait personne. Quelque part il se condamnait lui-même à la solitude en essayant de se persuader comme il l’avait fait autrefois que c’était le meilleur des choix.

La manière dont Vaneszs lui rappela que c'était à cause de lui que tout était gâché entre eux lui fit mal. Parce que c'était terriblement vrai, et qu'Heaven le reconnaissait : il avait effectivement joué gros et avait tout perdu. Lui qui avait espéré retrouver une vie décente, pouvoir enfin se sentir bien dans sa peau, avait finalement perdu la seule chose qui comptait vraiment : Vaness.

Mais en même temps, il sentit la colère monter en lui au fur et à mesure. Pourquoi l'avocat refusait-il de comprendre son geste ? Pourquoi voulait-il toujours voir cela comme une trahison, sans même chercher le vrai mot de l'histoire ?
Alors à ses yeux, il serait toujours et uniquement un traître ? Parce qu'il avait seulement voulu retrouver son honneur et sa dignité ?
Certes, il l'avait fait en quittant brutalement l'avocat, maus Heaven avait toujours su que s'il en touchait seulement un mot à son amant, ce dernier l'empêcherait de partir et ruinerait ses plans... Il était même persuadé que cela l'aurait mis dans une colère noire... Parce que Vaness ne comprenait pas ce désir irrépréssible qui avait toujours hanté Heaven : redevenir enfin quelqu'un de bien, quelqu'un de normal. Toute sa vie, on lui avait dicté ce qu'il devait faire. Alors il avait voulu tenter de vivre par lui-même, pour se prouver, tout simplement... qu'il n'était pas qu'une merde, comme son mac ou ses clients le lui avaient si souvent dit. Il avait voulu tenter cela de lui-même, pour se retrouver. Or, en vivant aux crochets de l'avocat, il n'aurait jamais pu se prouver à lui-même qu'il était bien un être à part entière.

Et quelque part, cela le blessait terriblement que l'avocat refuse de le comprendre.

Il poussa un long soupir, penchant doucement la tête de côté pour mieux observer son ex. Dieu du ciel, ce dernier était toujours aussi beau... Même trop : il y avait quelque chose d'incroyable chez Vaness qui réveillait des passions assouvies chez Heaven. Et la blessure se fit plus vive alors qu'il comprenait qu'il ne reverrait probablement plus jamais le sourire de cet homme-là.

" Parce que tu crois vraiment que cela avait un quelconque intérêt pour moi ? Alors tu me connais mal Vaness... Je m'en foutais d'être en danger, du moment que j'étais avec toi. Mais ça non plus, tu ne veux pas l'entendre hein ?"

Il eut un nouveau soupir et finalement, recula de quelques pas. Passant sa main dans ses cheveux, il tenta de garder le contrôle de lui-même, de ne pas totalement s'affaiblir devant cet homme qu'il avait tant aimé, et qu'il aimerait probablement à tout jamais.

" De toute façon, tu ne me pardonneras pas n'est-ce pas ? Pour toi, je suis coupable, peu importe les raisons... Mais je veux que tu le saches Vaness : je m'en veux énormément à moi aussi. Pas d'avoir pris cet envol, parce que j'en avais vraiment besoin, mais d'avoir tout gâché bêtement entre nous. D'avoir perdu le seul être qui comptait pour moi. Mais je..."

Il sentit ses forces le lâcher et s'arrêta avant de dire une bêtise. Il ne devait absolument pas flancher, sans quoi il serait pathétique devant Vaness, et il détestait cette idée. Désormais, il avait le droit de lever la tête et de le regarder droit dans les yeux : il l'avait gagné !

" Désolé pour cette scène, comme tu dis. C'est juste que certains sentiments sont durs à faire taire. Désormais, je ne t'ennuierai plus..."

Et aprés un dernier regard, il se retourna...

Il était vrai que Vaness n’était pas prêt à lui pardonner aussi rapidement, après c’était seulement leur seconde rencontre ici, il lui fallait plus de temps que ça. Heaven était pour lui responsable de leur séparation. Et même s’il acceptait les raisons qui l’avaient poussé à partir, il n’acceptait pas en revanche qu’il l’ait quitté sans lui expliquer ces soient disantes raisons. Peut-être que oui, en effet, il l’aurait retenu, empêcher qu’il ne parte, tenter de lui faire comprendre qu’à ses yeux il n’était pas une merde ou un moins que rien, tout faire pour qu’il se sente mieux dans sa peau. Mais si la distance se révélait alors être le meilleur remède pour guérir le mal être qui hantait son amant et qu’il arrête de penser qu’il ne valait rien, dans ce cas il se serait résolu à le laisser s’en aller pour son bien tout en espérant qu’un jour il revienne. Il n’était après tout pas aussi égoïste que ça et tout ce que désirait Vaness était le bonheur de l’homme qu’il aimait.

Seulement, Heaven ne lui avait rien laissé. Aucune explication, aucun mot, pas même l’espoir de le voir revenir. L’avocat avait tout simplement fini par penser que son amant avait pris peur finalement face à la vie qu’il menait. Cela semblait logique, surtout quand on pouvait être enlevé, mal traité, voire même tué pour atteindre un autre homme, comme Vaness.

Alors quand Heaven démenti en lui disant qu’il s’en fichait du danger de la vie du mafieux, du moment qu’ils étaient ensemble, ça lui fit plaisir. Oui, ça lui fit réellement plaisir car contrairement à ce que son ancien amant pensait, c’était justement ce qu’il désirait entendre. Cela l’aurait rassuré à l’époque de savoir cela, mais bien qu’aujourd’hui ça lui faisait plaisir, ça faisait mal aussi, car il se rendait compte qu’il ne lui avait pas fait confiance pour être partit sans rien dire.

Le reste, Vaness l’écouta également. Cependant, les paroles de l’homme qui se tenait devant lui, semblait glisser sur lui car il n’eut aucune réaction, rien, pas d’expression du visage toujours dure et froid, pas un mot non plus. Il ne le retînt même pas quand Heaven lui tourna le dos. Au fond de lui il désirait le faire, le rattraper le serrer dans ses bras, se réchauffer à la chaleur de son corps, l’embrasser avec passion et connaître la fin de sa phrase en lui demandant : mais tu quoi ? Au lieu de ça, il le laissa partir, tournant le dos lui aussi pour ne pas voir sa silhouette s’éloigner.

Son chauffeur choisit justement ce moment pour apparaître au volant d’une limousine noire. Vaness se pencha vers la fenêtre pour lui dire que finalement il rentrait à pied, mais que s’il pouvait ramener Heaven chez lui, il lui en serait vraiment reconnaissant. Puis il s’éloigna pour réfléchir à tout ce qu’il venait de se passer en quelques minutes. Car il avait fallut quelques minutes à Heaven pour que Vaness soit un petit peu bouleversé.

Il savait pertinemment que Vaness ne le rattraperait pas, mais cela n'empêcha pas Heaven de sursauter quand une longue limousine vint le frôler, et qu'elle s'arrêta à sa hauteur. La vitre avant se baissa et un peu méfiant, l'ancien prostitué vit le chauffeur de Vaness se pencher vers lui pour lui dire que son patron consentait à ce qu'il le ramène chez lui.
Surpris, Heaven se retourna et scruta la silhouette qui s'éloignait déjà. Il lui offrait sa voiture, vraiment ? Touché malgré tout, Heaven déglutit et finalement accepta l'offre. Il s'engouffra dans la voiture et indiqua son adresse au chauffeur qui s'empressa de le ramener.
Et ce fut plus fort que lui : se rapprochant de l'avant, il déclara au chauffeur :

" Rappelez-vous de cette adresse... Au cas où M Ulhman désire... venir me rendre visite. Peut-être..."

Oui, peut-être... Rien n'était sûr, mais l'espoir faisait vivre. Et au fond de son coeur, Heaven souhaitait vraiment qu'une nouvelle rencontre se produise entre eux : même si l'avocat ne lui avait toujours pas pardonné, même si tout semblait horriblement compliqué entre eux... Il voulait cette chance.